Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Macron l’anti Hollande
Jour après jour, Emmanuel Macron s’emploie à démontrer aux Français et à la terre entière qu’il est tout le contraire de son mentor, l’anti-thèse de ce François Hollande qu’il a si longtemps servi avant de lui tourner le dos. L’ancien Président ne peut s’en offusquer, lui qui avait fait de l’ingratitude une quasi-philosophie pendant sa présidence plus banale que normale. Cette volonté de prendre son contre-pied n’a pu manquer de lui sauter aux yeux hier lors du défilé du juillet. Emmanuel Macron en chef des armées recevait donc le président de la première puissance du monde et pouvait bien imaginer que ces images de Donald Trump à ses côtés feraient le tour de la planète comme celles de sa rencontre avec Vladimir Poutine au château de Versailles. Macron se veut grand parmi les grands et en convaincre les Français. On ne peut lui reprocher cette volonté de restaurer la dignité de la fonction présidentielle. Mais elle semble tourner à l’obsession. Comme s’il redoutait que sa jeunesse puisse handicaper son autorité. Il en rajoute donc dans les symboles pour que nul ne puisse douter de sa détermination sur la scène internationale et la scène intérieure. Il l’a encore montré en rappelant à l’ordre le chef d’Etat major des armées, le général Pierre de Villiers, furieux de voir le budget des armées raboté de millions d’euros cette année. Le chef de l’Etat a-t-il cru que cette colère affichée non pas publiquement mais devant la représentation nationale était un défi ? Sa réponse est revenue cinglante, voire humiliante, devant la communauté militaire réunie le juillet : « Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique ! » Ajoutant : « Je suis votre chef. » En clair, obéissez sans discuter. Cet épisode est révélateur de la vraie nature du chef de l’Etat, notamment de son tempérament autoritaire, si différent de l’hésitant François Hollande. Emmanuel Macron ne supporte pas que l’on conteste ses décisions. Dans cet épisode, il est allé très loin puisque le chef d’Etat major s’était exprimé dans un cadre légal sans se répandre sur la place publique. La réaction surjouée du Président s’apparente donc plus à de l’autoritarisme qu’à une manifestation d’autorité. Elle rappelle, d’ailleurs, son attitude avec la presse qu’il tient à distance et paraît mépriser. Et fait réfléchir sur l’incroyable accueil réservé à Donald Trump, un homme qui piétine les traités et ne respecte pas les engagements de son pays. Certes, il fallait rendre hommage aux Etats-Unis pour ce centième anniversaire de leur entrée en guerre aux côtés des alliés en mais il y avait dans cette mise en scène MacronTrump un excès qu’en d’autres temps on appelait un fait du prince.