Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Combat de titan contre un feu de forêt à Castagniers
450 sapeurs-pompiers au sol, dix avions et trois héclioptères ont lutté sans répit contre cet incendie très virulent, aux portes de Nice. Hier soir, il avait parcouru 120 ha, gagné un garage et une maison
Un nuage de fumée enveloppe la plaine du Var, dans les Alpes-Maritimes, semblable à une brise marine sur le littoral. Ici, jaillissent d’immenses flammes. Là, s’élève un épais panache noir. Le ciel, lui, bourdonne au son des hélicoptères bombardiers d’eau, Canadair, Tracker ou Dash, qui multiplient les largages sur le gigantesque incendie. Au sol, riverains et badauds contemplent cette scène surréaliste à Castagniers. Le feu de forêt qui s’est déclaré là hier après-midi, aux portes de Nice, est tout simplement le plus important recensé dans les Alpes-Maritimes depuis 2003. Les chiffres donnent le tournis : 120 hectares de végétation parcourus par les flammes, un garage détruit et deux habitations touchées, 450 sapeurs-pompiers engagés avec l’appui de dix avions et trois hélicoptères... Et une belle frayeur pour les soldats du feu, qui déplorent deux blessés légers et un véhicule calciné.
Maisons menacées
Depuis 14 h 48, heure de réception de l’alerte, un combat épique se joue ici, en surplomb du crématorium et de la RM 6202. L’ennemi : «Un vrai feu de forêt, avec toute la virulence que peut avoir un feu de cimes », dixit le colonel René Dies, nouveau directeur départemental du SDIS 06. Lors d’un point d’étape à 20 h 30, le feu était « sous contrôle, mais pas encore fixé ». Le pire a sans doute été évité. Car l’incendie surgi chemin du Linguador a progressé très vite, venant menacer plusieurs habitations. Deux d’entre elles ont d’ailleurs été léchées par les flammes. Le garage du Mouriez, lui, n’y a pas résisté. Ses 1000 m2 ont été entièrement sinistrés. Hier soir, seuls des dégâts matériels étaient à déplorer. Si les gendarmes ont évacué une dizaine d’habitants, paniqués, de « constructions légères », la consigne des pompiers était au confinement. « Lors des feux de forêt, c’est la panique qui tue, rarement l’incendie. C’est dans la fuite que l’on peut avoir des accidents et des morts », insiste le colonel Dies. L’origine de l’incendie est à ce stade inconnue. Hier soir, l’heure était moins aux constatations qu’à la protection, tant des personnes que des animaux – un centre équestre a été évacué. Reste que l’incendie a surpris par sa virulence. « C’est très accidenté. Même sans vent, le feu progresse, observe le colonel Dies. Les lignes électriques ont empêché de faire des largages efficaces, ce qui fait peut-être qu’on l’a “perdu”. La priorité, c’est de “couper la tête du feu”, le fixer pour l’empêcher de progresser, puis retourner vers l’origine du feu pour terminer l’extinction. » Toute la nuit, les troupes emmenées par le lieutenant-colonel Olivier Riquier devaient poursuivre leur combat sans relâche, suivi de près par le préfet Georges-François Leclerc et le président du Sdis 06 Eric Ciotti. Un combat qui devrait reprendre de plus belle, ce matin, avec le retour des moyens aériens mis au repos forcé par la nuit.