Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Buddy Guy : « Le blues, c’est toute mon histoire »

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

guitare s’exprimer, tu écoutes le monde, tu regardes les gens et ça donne le blues...

Vous dites qu’il ne faut pas parler des disparus. Pourtant, vous leur rendez hommage sur scène. Alors pourquoi ? Parce que je ne peux pas oublier que sans ces gens-là, il n’y aurait jamais eu de blues. Que ce soit Muddy Waters, John Lee Hooker, B. B. King et même Ray Charles, ils ont créé notre musique à l’image de l’Amérique. J’y participe aussi à ma manière. Mais je les cite. Quand je reprends leurs morceaux, ce n’est plus moi. J’imite leur son à la guitare, parfois aussi leur voix. Je m’amuse et le public aime ça. Je fais le show.

Vous faites partie du Crossroads Guitar Festival d’Eric Clapton. Qu’apporte-t-il au blues ? Avec les Rolling Stones, il a amené les musiciens noirs et le blues dans le monde entier. Je défends évidemment sa cause, comme beaucoup d’autres. Mais il a créé un son lui aussi. D’ailleurs sur cette tournée, je m’amuse à reprendre un peu de son groupe Cream. Grâce à lui, le blues n’a plus de frontière.

Comment vivez-vous justement le “blues” de notre société : le terrorisme ? C’est terrible. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à m’exprimer sur le sujet. Les gens souffrent. J’ai grandi en apprenant à aimer les gens que je ne connaissai­s pas. Sans regarder leur couleur de peau, leur appartenan­ce politique ou leur religion. Aujourd’hui, quand on est face à quelqu’un, on ne sait pas ce qui se cache derrière l’homme. Il ne faut pas avoir peur, c’est tout. Il faut continuer à vivre normalemen­t. En Amérique aussi, la vie n’est pas simple, croyez-moi. Plutôt scène ou plutôt club ? J’ai un club à Chicago, – le Buddy Guy’s legends – alors je dirai plutôt club. Les vrais musiciens viennent tous des petites salles : Ray Charles, et même John Lee Hooker ou B. B. King, Memphis Slim. Moi aussi d’ailleurs...

Plutôt Joe Bonamassa, ou plutôt Derek Trucks ? Ce sont de très bons guitariste­s. Mais je dirai aucun des deux. Moi, j’ai craqué pour un jeune homme. Il avait huit ans quand je l’ai entendu pour la première fois. Il avait déjà un jeu incroyable. C’est un vrai petit génie du blues. Il s’appelle Quinn Sullivan. Il a maintenant 18 ans. Pour moi, c’est lui, la future grande star du blues. Retenez bien son nom et écoutez-le. Il n’y en a pas d’autres pour l’instant. Aucun jeune ne lui arrive à la cheville. C’est mon poulain...

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