Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Herbie Hancock : «Où que je sois, je joue pour célébrer la vie »

- FRANCK LECLERC

Hier soir, en ouverture du Nice Jazz Festival 2017, Herbie Hancock, le parrain de cette édition renaissant­e, est monté sur scène pour partager sa passion de la musique. Dans l’esprit d’une «célébratio­n de la vie ». Exit les heures sombres, il faut repartir du bon pied.

Le jazz, une musique qui répare? La musique a un pouvoir incroyable. Elle a un impact sur notre état d’esprit et sur notre santé. Un impact sur l’être humain dans ce qu’il a de plus intime, sous de nombreux aspects. Où que je sois, où que je me produise, je joue pour célébrer la vie. Et rappeler que tout individu compte. Car nous avons besoin, tous ensemble, de la contributi­on de chacun. Nous devons continuer à travailler pour porter le message de la paix qui nous permet d’avancer.

Pourquoi aucune musique n’est aussi universell­e que le jazz ? Cette musique est née au sein d’une diaspora. Celle d’Africains réduits en esclavage aux ÉtatsUnis. Le blues, le gospel, le jazz font écho à une souffrance. Mais aussi à l’espoir qui permettait à mes ancêtres de transcende­r leur douleur. Au tréfonds de nos âmes, cette musique parle à tout le monde et touche le coeur des gens, quelle que soit leur histoire, quel que soit l’endroit où ils vivent. Peu importe leur race ou leur religion. Quelque chose de commun à l’humanité tout entière est contenu dans le jazz, le blues et plus tard le rock’n’roll.

Cantaloupe Island est votre Montagne Sainte-Victoire ? Votre Neuvième Symphonie ? C’est un trop grand honneur de me comparer à la peinture de Cézanne ou à la musique de Beethoven. Mais si vous le dites, je veux bien accepter le compliment ! Il y a aussi Rockit, preuve de votre bel éclectisme… En fait, je ne pose jamais d’étiquette sur tel ou tel genre de musique. Pour moi, il y a la musique au sens large et c’est tout. Ce n’est pas une question de notes ou de technique ou de rythme. Si l’on s’en tient à cela, on ne communique rien à l’âme.

Le bouddhisme tient une grande place dans votre vie? Le bouddhisme me permet de voir plus clairement. Comme ces lunettes : j’en porte depuis l’âge de sept ans. D’une certaine façon, je suis le même qu’avant. Mais j’ai le sentiment d’une plus grande acuité. Le monde m’apparaît beaucoup plus détaillé. L’image est plus nette, plus précise.

Vous êtes ambassadeu­r de bonne volonté auprès de L’Unesco, votre moteur c’est la paix? Pourquoi des conflits et des attentats continuent-ils de propager la souffrance ? Parce qu’au-delà des gouverneme­nts, des gens qui s’érigent en guides spirituels ne comprennen­t pas ce dont ils parlent. Les fondements de toutes les religions préconisen­t de nous rapprocher et de vivre ensemble. Ce que nous avons en commun est plus important que ce qui nous sépare. Ce que nous avons en commun, c’est notre humanité.

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(Photo Cyril Dodergny) Session d’improvisat­ion avec un Trophée Ferret en forme de clavier.

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