Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le billet de Philippe Bouvard Tardifs remords
Comme tous les jeunes n’ayant pas encore eu le temps de se fabriquer des souvenirs, Emmanuel Macron pratique volontiers le culte de l’anniversaire lointain. Comme ceux de l’engagement des États-Unis au côté de la France en et de la rafle du Vél’ d’Hiv en . Pour cette dernière commémoration, la responsabilité de l’État n’avait été reconnue qu’en par Jacques Chirac avant que Nicolas Sarkozy et François Hollande ne s’engouffrent à leur tour dans la brèche. Difficile d’avouer que, pendant l’occupation, les Français n’étaient pas tous des résistants et que les occupants n’avaient, pour une fois, aucunement participé à ces arrestations de juifs dont une centaine seulement devaient échapper à la mort. Or, ce qu’aucun orateur n’a cru devoir rappeler c’est qu’avant de devenir un lieu de pèlerinage, le Vél’ d’Hiv fut jusqu’en un lieu de fête. Chaque année s’y tenait, entre autres, les Six Jours de Paris durant lesquels des champions cyclistes se disputaient – surtout la nuit – les énormes primes offertes par les privilégiés qui formaient le Tout-Paris de l’époque et qui, entre deux danses, buvaient le champagne sur les bords de la piste. La démolition du bâtiment devait mettre fin à un rituel mondain tendant à prouver que sur certains épisodes de notre histoire, les souvenirs et les remords qui vont avec ne se sont manifestés que très
tardivement.