Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
José Bové dans la vallée de la Roya: «Un exemple européen»
Figure altermondialiste, il est venu passer quelques jours dans la vallée, lieu de passage de migrants. Pour prendre contact avec le terrain, apporter son soutien, et son expérience de député européen
Sur la table, installée devant le quartier général de Roya Citoyenne, tout est prêt pour l’apéro. C’est cette forme qu’a choisi l’association pour réunir ses sympathisants autour de l’invité du moment : José Bové. Ils sont une trentaine à avoir fait le déplacement. Certains vacanceiers ont rejoint les rangs, comme Nadia et André, qui viennent de Lyon : « On est dans un camping pas loin, et on a vu l’affiche. On est très sensible à la question des migrants, alors on ne pouvait pas rater ça. »
Un exemple pour l’Europe
L’eurodéputé, qui a répondu à l’invitation de Jacques Terreux, élu EELV de Vitry-sur-Seine et proche du mouvement de la Roya, assure suivre depuis un moment l’actualité de la vallée. Pour le côté agricole d’abord, et plus récemment sur la question des réfugiés. Pour lui, aucun doute : « Cette vallée mériterait le titre de capitale de l’Europe, parce que les droits fondamentaux de la charte européenne des droits de l’Homme c’est ici qu’ils se vivent. Cette vallée doit être montrée comme un exemple de la citoyenneté européenne. Les personnes qui ai ent les réfugiés portent les valeurs de l’Europe et posent des actes concrets. Ici, on peut se dire que la construction européenne a un sens, parce que dans la vallée de la Roya, il y a des gens qui agissent. » José Bové dénonce en vrac la convention de Dublin, qui empêche la répartition des réfugiés, l’égoïsme des pays européens qui ne prennent pas leurs responsabilités, et qui « empêchent l’Union européenne d’avancer ». Très au courant des réactions politiques locales, l’eurodéputé s’insurge: « Les réactions des élus locaux sont irresponsables. Essayer de gagner, ou plutôt de perdre moins de voix au niveau national, en jouant sur l’incroyable discours du repli : ça n’a pas de sens. Ils se trompent de combat. Comment peut-on se dire Français avec la devise liberté égalité fraternité et oublier ce que ça veut dire concrètement ? Ce ne sont pas les réfugiés qui créent la tension. Ce sont ceux qui instrumentalisent la peur de l’autre. »
Visite de Cédric Herrou
Surpris de trouver un « check point » sur la route de Vintimille, José Bové considère qu’il faut mettre en lumière la réalité de ce qui se passe dans la vallée : « Je pense que ce qui se passe ici doit être honoré du prix Sakharov des droits de l’Homme. » En fin de soirée, Cédric Herrou est venu saluer l’invité. Comme dans une fête de village, les convives se rassemblent et partent dans un grand échange sur la stratégie à adopter au niveau local, mais aussi national, et peut-être européen.