Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Migrants : l’Italie hausse le ton face à ses voisins de l’Est

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Rome fait de plus en plus pression sur l’Europe pour qu’elle prenne une juste part dans la gestion de la crise migratoire. La riposte, cinglante, est venue vendredi du chef du gouverneme­nt, Paolo Gentiloni, qui a dit n’accepter « ni les leçons et encore moins les paroles menaçantes » de certains de ses voisins en matière de politique migratoire : «Nous faisons notre devoir et nous attendons que l’ensemble de l’Europe en fasse de même, aux côtés de l’Italie ». Il faisait allusion aux demandes insistante­s en provenance d’Autriche et de quatre pays voisins (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie) pour que l’Italie ferme ses portes. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orba, s’est fait vendredi le porte-parole de ses homologues polonais, tchèque et slovaque en évoquant une lettre conjointe adressée à Paolo Gentiloni. Offrant leur aide à l’Union européenne, notamment financière, les quatre dirigeants proposent de créer des conditions de vie humaines dans les centres d’accueil situés hors d’Europe et d’exclure les répartitio­ns forcées de migrants sur le continent.

Continuer à faire son « devoir »

Dans son interventi­on, Viktor Orban est allé plus loin, estimant que l’Italie se trouvait face à deux options: soit « fermer portes», soit accepter l’aide qui leur est offerte. Parlant toujours au nom du quatuor, M. Orban a dit soutenir la récente propositio­n des ministres de l’Intérieur allemand et italien, « qui ont tous les deux dit que l’immigratio­n devrait être arrêtée en Libye », n’excluant pas une interventi­on militaire pour y parvenir. Jeudi, c’est le ministre autrichien des Affaires étrangères qui avait appelé l’Italie à ne plus transférer sur le continent les migrants débarquant sur ses îles. L’Autriche a aussi brandi début juillet la menace d’un déploiemen­t de militaires à sa frontière avec la péninsule si le flux de migrants ne ralentissa­it pas. Même si elle ne cesse de réaffirmer qu’elle continuera à faire « son devoir », l’Italie se plaint régulièrem­ent d’être insuffisam­ment soutenu par l’Union européenne face à un afflux sans précédent. Selon les derniers chiffres de l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations (OIM), 111 514 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer depuis le 1er janvier, dont 85% en Italie. 2360 sont morts en tentant la traversée.

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