Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Taj Mahal et Keb’Mo’: l’union sacrée des vieux bluesmen
Taj Mahal et Keb’Mo’ : les deux légendes du blues étaient à Juan-les-Pins pour défendre Tajmo, leur première collaboration discographique. L’album mélange des chansons originales et des reprises de Bonnie Raitt, Joe Walsh ou Sheila E. Rencontre avec ces deux musiciens dans la PinèdeGould.
Qu’est-ce qui vous a poussé à enregistrer un disque avec autant d’influences du XXe siècle? Taj Mahal : J’ai voulu rendre hommage aux fondateurs de notre musique. Notre idée, c’était de mélanger des sons qui viennent d’Afrique, d’Amérique et même des Caraïbes. On a voulu faire un disque populaire qui prenne en compte l’évolution des musiques du monde.
C’est quoi le blues aujourd’hui ? Keb’Mo’ : On ne sait plus ce qu’est le blues. Il ne faut pas chercher à le définir. Disons… un style de vie. Taj Mahal : Le blues devient une musique populaire aujourd’hui. Alors qu’à la base, il s’agit d’une culture.
Vous avez le sentiment que votre génération peut encore apporter du nouveau ? Keb’Mo’ : On pourrait utiliser notre fonds de commerce, puiser dans notre catalogue et nos inédits pour continuer à produire. Mais créer, pour nous musiciens, cela implique de nous mettre en danger. Taj Mahal : Si on voulait, on pourrait faire un Milka Blues, puis un New Milka blues pour faire plaisir aux maisons de disques et actionner la pompe à fric. Mais on se refuse à faire ça. Taj Mahal, est-ce que le film Les Blues Brothers vous a aidé à revenir au premier plan ? Taj Mahal : Le film a repris l’une de mes chansons ; cela a relancé ma carrière. J’ai eu la chance de traverser le temps, sans doute parce que j’ai toujours cherché à faire des musiques différentes. On a été aidé par les Blues Brothers, et aussi par des artistes comme Eric Clapton, qui nous a mis en lumière dans son festival Crossroads. Le blues ne va jamais mourir, croyez-moi !
À vos yeux, Jazz à Juan est encore un grand festival ? Oui. Il a su réserver une grande place à notre musique. J’y suis venu avec Richard Bona et Gilberto Gil. C’est l’un des rares qui a conservé une âme.