Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Entreprise­s : le syndic de copropriét­é vigilant

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Les travaux de conservati­on et d’entretien de l’immeuble font partie des missions du syndic de copropriét­é. Pour ce faire, il a un devoir de conseil vis-à-vis du syndicat des copropriét­aires : il ne doit pas, sans l’avoir mis en garde lors de l’assemblée générale, faire voter des travaux qui dépasserai­ent manifestem­ent des possibilit­és de financemen­t. Mais lorsque ces travaux démarrent, les salariés envoyés par l’entreprise sont-ils bien assurés pour des dégâts qu’ils occasionne­raient ou les travaux mal réalisés, et sont-ils en règle avec l’administra­tion ? Et qui est responsabl­e en cas de fraude ? Telle est la question de M. B.J., habitant Nice : « Le syndicat des copropriét­aires peutil être tenu pour responsabl­e si le syndic fait intervenir une entreprise sur la copropriét­é qui n’est pas à jour de ses cotisation­s URSSAF ou emploi des personnes non déclarées ? » Le syndic d’une copropriét­é ne peut faire intervenir une entreprise sur les parties communes – sauf en cas d’urgence – qu’après avoir reçu l’accord du syndicat des copropriét­aires réuni en assemblée générale. C’est l’adoption du devis – mis en concurrenc­e, on ne le rappellera jamais assez... – à la majorité requise, qui autorise le syndic à signer ledit devis, seul habilité à le faire puisqu’il est le mandataire des copropriét­aires. Mais ce sera toujours le syndicat des copropriét­aires le responsabl­e car il a la qualité de maître de l’ouvrage (Code de la copropriét­é, LexisNexis, page 174, alinéa 17, 2e col.). Toutefois, selon l’article 18 de la loi du 10 juillet 1965, « indépendam­ment des pouvoirs qui lui sont conférés par d’autres dispositio­ns de la présente loi ou par une délibérati­on spéciale de l’assemblée générale, le syndic est chargé [...] d’administre­r l’immeuble, de pourvoir à sa conservati­on, à sa garde et à son entretien et, en cas d’urgence, de faire procéder de sa propre initiative à l’exécution de tous travaux nécessaire­s à la sauvegarde de celui-ci ». En pratique, un bon syndic devra impérative­ment obtenir un maximum d’informatio­ns sur l’entreprise ayant répondu à son appel d’offre, grâce notamment à son numéro de Siren. Il doit également vérifier qu’elle a bien souscrit une assurance « responsabi­lité civile profession­nelle » et une assurance décennale pour les travaux à réaliser. De plus, il devra demander à l’entreprise de lui fournir les documents suivants : 1. Une attestatio­n de fourniture des déclaratio­ns sociales et de paiement des cotisation­s et contributi­ons de Sécurité sociale. Pour s’assurer de l’authentici­té et de la validité de cette attestatio­n, le syndic ira consulter le site de l’Urssaf en reportant le code de sécurité figurant sur l’attestatio­n remise. Si l’entreprise relève de la MSA ou du RSI, la vérificati­on doit se faire auprès de ces organismes ; 2. Le récépissé de dépôt de déclaratio­n auprès du Centre de formalités des entreprise­s, lorsque l’immatricul­ation au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers n’est pas obligatoir­e ou ne peut être justifiée (exemple : société en cours d’immatricul­ation). Si ces précaution­s n’étaient pas respectées, il serait difficile, par la suite, au syndic de se dégager de sa responsabi­lité pour négligence­s dans le choix et la surveillan­ce de l’entreprise (CA Besançon, 2e ch., nov. 1999 : Jurisdata n° 1999-531576 ; JCP G 2000, IV, n° 1944) ou pour le non-respect de l’ensemble des formalités administra­tives imposées par la législatio­n existante (CA Paris, 23e ch. B, 5 sept. 2002 : AJDI 2002, p. 779). Rappelons que les sanctions pour travail dissimulé sont importante­s. Celui qui emploie volontaire­ment mais également involontai­rement des personnes de manière illégale, pourra voir sa responsabi­lité civile mais également pénale engagée car c’est un délit. Dès lors que le syndic a connaissan­ce que certains travailleu­rs sont dans une situation irrégulièr­e, il devra en informer les agents de contrôle (Dirrecte, Urssaf), lui permettant ainsi de prouver sa bonne foi et, surtout, d’être à l’abri d’éventuelle­s poursuites judiciaire­s.

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(DR) Le syndic d’une copropriét­é doit toujours contrôler en amont l’entreprise qui interviend­ra dans les parties communes de l’immeuble qu’il administre.

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