Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La guerre est déclarée
Le feu était contenu hier soir mais le bilan est déjà très lourd pour cet incendie dont l’origine reste incertaine. Ce qui est sûr en revanche, c’est le désastre
Violemment reparti hier, l’incendie d’Artigues – plus de ha parcourus – encerclait Seillons hier soir. Des centaines d’habitants ont dû être évacués. À La Croix-Valmer, en Corse et dans tout le Sud-Est, les feux font des ravages.
Hier, en milieu d’aprèsmidi, le commandant des sapeurs-pompiers, Philippe Gambes de Vergnes, ne versait pas dans l’autosatisfaction, au moment d’autoriser les estivants à regagner les deux campings évacués la veille sur Ramatuelle (Cap Taillat et CIE-Delle). « Le feu est contenu, mais il y a des reprises encore possibles. » Une précaution de langage qui n’était plus tout à fait la même en fin d’après-midi, quand les autorités, après concertation, ont permis aux habitants de l’Escalet et de la Tourraque, - les deux derniers secteurs sensibles aux répliques de l’incendie - à retrouver leur chez soi.
Enquête en cours
Cette autorisation à réintégrer les logements et propriétés qui ont vu les flammes de si près lundi soir et dans la nuit qui a suivi s’est accompagnée du départ de la majeure partie des pompiers qui quadrillaient la zone depuis le départ du sinistre. Il restait néanmoins encore plus de 130 hommes hier soir et d’importants moyens matériels pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de reprise(1). Aucun doute, on va bientôt pouvoir dresser le bilan de cet incendie, le plus important depuis 2003 dans le Golfe. Et il sera lourd, parce que c’est le joyau naturel des trois caps qui a été touché, l’espace nature par excellence de la presqu’île, une richesse fragile on le savait, mais que personne ne pensait pouvoir être quasi anéantie en quelques heures. Plus de 500 hectares de forêt et garrigue sont partis en fumée. La faute au mistral bien sûr, et c’est facile de le dire, mais la faute aussi aux imprudents (ou malveillants) qui ont mis le feu dans le vallon des Gaches à La CroixValmer et dont on se sait encore rien. Le sous-préfet Philippe Portal a écarté, hier, la possibilité circulant sur les réseaux sociaux et selon laquelle il s’agirait d’un barbecue mal négocié en plein massif.
Pompiers héroïques
L’enquête suit son cours et d’importants moyens vont y être consacrés pour déterminer l’origine du sinistre. Pour l’heure, tout supposition est encore fantaisiste, confient les gendarmes. Il va falloir attendre un peu. Héroïques dans la nuit de lundi, les pompiers ont encore payé un tribut important (lire en pages locales de l’édition de Saint-Tropez). Plus de 70 ont dû passer par la case infirmerie, et cinq d’entre eux ont été blessés sérieusement, dont un évacué vers l’hôpital de la Timone à Marseille. Sans eux et l’admirable combat qu’ils ont livré, l’addition serait plus lourde. Ils ont su protéger les habitations (trois villas seulement ont été endommagées, c’est un exploit) et limiter la progression des flammes durant toute la nuit en attendant l’arrivée des Canadair. Ces derniers ont d’ailleurs bien failli ne jamais arriver, affectés aux autres incendies en cours. Il aura fallu hier matin une réunion très argumentée avec le préfet au PC de commandement pour finalement obtenir l’affectation de deux Canadair. Ils ont un peu tardé à arriver, à la mi-journée, mais ont évidemment changé le cours des choses. Voilà qui ne va pas manquer de relancer le débat sur le nombre de Canadair réellement en service simultanément pour la défense des massifs forestiers du sud de la France. 1. Une reprise s’est déclarée hier soir vers 21 h 30 sur le secteur du cap Lardier, dans une zone inaccessible et ne représentant a priori pas de danger d’extension du sinistre.