Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

American dream

- RAPHAËL COIFFIER

Au poker, Lythana Mambaye ne craindrait certaineme­nt pas d’envoyer tapis. Le bluff, ça la connaît la danseuse de Toulon. Piquée à l’amour du risque. Au qui ne tente rien, n’a rien... Un peu dingue, la petite bombe a donc récemment osé le tout pour le tout. La suite royale. Pas avec le Crazy Horse. Ni le Moulin Rouge ou, en bleu, chez Michou... Non, son truc à la fan de Fame, tombée dans le rythme à 16 ans, c’est le cheerleadi­ng. Version haut du panier. Estampillé NBA ! Ce rêve, peut-être né un soir de pluie ou de brouillard, elle l’a pris à bras le corps. Au culot. En postant une candidatur­e spontanée - et un peu timbrée - aux Celtics de Boston. La franchise des Larry Bird, Paul Pierce, Ray Allen. Un monument de la chic planète orange. Presqu’un Mont Rushmore... « Je ne pensais pas obtenir de réponse », raconte la chef de file du groupe varois Golden Mamaz. Or, 48 heures chrono plus tard, elle était appelée à la hâte sous les drapeaux étoilés ! « Là, ça a été un peu la panique. J’ai dû me débrouille­r pour me payer un billet d’avion. Heureuseme­nt que ma soeur, Vanessa, habite là-bas, ça m’a réduit les frais... » Un ultime gala salsa bouclé en France. Le train pour Paris. La course jusqu’à l’aéroport CharlesDe Gaulle. Puis, enfin, les deux pieds sur la terre américaine. Lessivée. Mais impatiente de martyriser le parquet des légendes US. « On était une soixantain­e de filles au casting. J’étais la seule Française contre des canons de chez canon. Et que des jeunes... » Une réalité un zeste indigeste pour l’ex pompom girl trentenair­e, passée notamment par le Stade Français, précurseur en la matière charnelle. « J’ai vite saisi qu’il allait me falloir un miracle. En fait, la priorité était donnée aux étudiantes. Mais je me suis quand même battue... » Comme une tigresse fraîchemen­t débarquée de sa province baguetteca­membert. Si bien que short et tee-shirt mal taillés ont froissé froufrous de bal de fac et jupes à volants. Enfin, lors du premier round... « En demi-finale, des candidates de New-York ont rejoint notre groupe de rescapées. Il a fallu remettre ça devant le jury. Se souvenir de la chorégraph­ie apprise trois semaines auparavant... » Lythana, taillée à la mitraillet­te, a alors envoyé du bois ! Sans miroir. Sans complexe. Telle une maniaque des courbes. Au feeling. Coeur battant au sein de ce complexe chargé d’histoires... « Cétait un peu comme à la télé. Comme dans une série américaine. Incroyable. » Voire amazing. Excepté à la fin du film. Où l’héroïne frenchie a fait son baluchon. Quitté l’académie. The end. « Un peu dégoûtée, je dois bien l’avouer... » Seize cheerleade­rs formatées au goût de l’oncle Sam - bimbos blondes en majorité - ont été scoutées. Mais pas la mistinguet­te, revenue direct à son port d’attache, nourrie d’une belle expérience. De celle qui agite les méninges. « J’ai vécu un truc énorme et j’ai envie de développer ça en France. En fait, j’aimerais bien créer une RCT Team. Une troupe pro, capable de lever les foules lors des matches au stade Mayol... » Celle qui a déjà enflammé le dancefloor de Guetta, fait du cabaret sur talons hauts, bourlingué à Las Vegas nuit et jour, été entraîneur de football au club du Las - pour les enfants -, y croit dur comme fer. « Ce serait génial d’organiser un casting avec Mourad Boudjellal, puis de monter ce groupe. En plus, l’état d’esprit du rugby se prête bien à ce type d’animations. Alors pourquoi ne pas essayer ? » Fonceuse, Lythana essaiera de pousser la porte présidenti­elle. Voire de s’engouffrer par la fenêtre. Son projet bien ficelé sous le bras. Sauf que cette fois, il sera made in France. Mieux, made in Toulon. De la frappe, quoi !

J’étais la seule Française contre des canons... ” Un casting avec le président Boudjellal ce serait génial ”

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