Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un toit pour la nuit

Ils ont offert le gîte et le couvert à des vacanciers évacués, en poussant les murs ou en prêtant leur propre chambre. La solidarité des Borméens et des Lavandoura­ins est saluée par ceux qu’ils ont accueillis

- C. MARTINAT

Audrey travaille au service de la commande publique, à la mairie de Bormes. Mais comme beaucoup d’employés municipaux, elle est venue prêter main-forte dans l’un des centres d’hébergemen­t de la commune, au centre nautique de la Favière.

Audrey, hôtelière improvisée

C’est là qu’elle a repéré une petite fille en larmes, mercredi après-midi. « L’angoisse et la fatigue, résume-t-elle. Alors j’ai proposé à sa famille de les héberger, pour qu’ils puissent se poser. » Problème : au complet, avec les amis, ils étaient entre neuf et treize. « Ça faisait beaucoup pour mon petit 40 m2 au Rayol ! Comme je savais que la maisonnett­e du voisin était inoccupée, je me suis débrouillé­e pour avoir son téléphone et il a gentiment donné l’autorisati­on de leur ouvrir. J’ai pu prendre 5 personnes chez moi, les huit autres sont allés à côté. Ils n’ont pas arrêté de me remercier mais pour moi c’est normal ! » Céline et Jean-Vincent Venturini ont eu la même réaction.

Céline, le sens de la solidarité

« On a une petite maison dans le quartier du Haut-Para, avec une vue imprenable sur la zone sinistrée. On a eu un peu peur d’être touchés, mais quand on a compris en fin de journée que ce ne serait pas le cas, j’ai mis un message sur les réseaux sociaux pour proposer d’héberger une famille avec de jeunes enfants, raconte Céline. J’en ai moi-même et je sais que ça peut être très compliqué. Et puis on a tout le matériel ! » Parallèlem­ent, Céline décide de s’inscrire auprès du Centre communal d’action sociale de la commune, à qui elle laisse son numéro de téléphone. «Mais c’est Medhi qui m’a contactée très vite, après avoir vu le message sur Facebook. Il est de Lille et louait une maison au Cap Bénat avec sa femme et leur bébé de quatre mois. Ils sont arrivés très vite, mercredi vers 19 heures, et ils sont repartis jeudi matin vers 11 h 30. Ils auraient pu rester mais je pense qu’ils voulaient regagner leur location au plus vite ou rentrer à Lille. » « Les situations d’urgence, ici, on y est sensibilis­és. Lors des inondation­s en 2014, je venais d’accoucher, on n’a pas pu aider. Mais là, on avait la possibilit­é alors on l’a fait. La maison n’est pas grande, mais on a prêté notre chambre. Et on a passé un moment très agréable et convivial. On a pris l’apéro, mangé ce qu’il y avait dans le frigo, comme on aurait fait avec des amis. C’est une très belle expérience. »

La belle expérience humaine d’Edmund

Edmund aussi a vécu une belle expérience. Il est Allemand, et avec sa famille et ses amis, cinq adultes et cinq enfants, ils ont dû quitter le domaine du Camp mardi soir. Mais ils n’ont pas eu à dormir sur la plage. « Un couple du Lavandou est venu sur la plage. Ils ont demandé si on savait où aller dormir. On a dit non, alors ils nous ont invités chez eux. On a pu prendre une douche, boire un café. Et un verre de vin bien sûr ! C’est une belle expérience humaine», se réjouit Edmund. Hier matin, après une bonne nuit, le petit groupe s’est concerté : rester ou écourter les vacances ? «C’est la troisième fois qu’on vient ici et on connaissai­t le risque incendie. L’expérience a tout de même été impression­nante, les enfants ont été un peu effrayés mais on a surtout vu des gens amicaux, conviviaux. On a été évacués dans le calme. Les gens savaient quoi faire. Tout s’est passé dans le calme et on ne se sent pas en insécurité Alors on va rester ! »

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(Photo DR) (Photos Dominique Leriche) (Photo D. L.) Hier après-midi, Audrey avait rejoint son poste au centre d’accueil. Edmund et sa tribu patientaie­nt sur un banc, près du boulodrome de La Favière, en attendant de rejoindre leur camping. Ils ont passé la nuit chez un couple de Lavandoura­ins. Au sein...

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