Gérard Guerrieri, le Ed Wood Corse...

C’est le film le plus foufou de l’été. Et probablement de l’année… Afrika Corse, un gros délire à la Ed Wood dans lequel des triplés Corses, nés de pères différents (?!), découvrent, à la mort de leur mère dans les années soixante-dix, que celle-ci avait séduit un officier nazi pendant la guerre et détourné le fameux « trésor de Rommel» Un seul d’entre eux étant le fils biologique de l’officier, un notaire est chargé de déterminer lequel des trois héritera du pactole. Pendant que chacun des garçons s’affaire à démontrer qu’il est un bon aryen (l’un d’eux, ayant une fiancée blonde, lui demande de faire semblant de parler allemand…), un groupuscule néonazi est en embuscade pour récupérer le trésor et fonder le quatrième Reich en Corse du Nord. S’ensuivent des aventures aussi délirantes qu’exotiques (certaines scènes ont été tournées au Cap Corse...), à côté desquelles celles d’Indiana Jones et la dernière Croisade font figure de divertissement fauché. Récompensé d’un Grand Prix du film corse de l’année, Gérard Guerrieri (qui joue aussi l’un des trois frères : Mathurin, décorateur à l’ORTF...) est venu présenter son chef-d’oeuvre à Nice, pour accompagner sa sortie nationale. Nous avons rencontré le Ed Wood Bastiais, dont c’est le troisième long-métrage. Le premier, X-makin, racontait le tournage du premier film porno en langue Corse. Le second, Fin de règne, était un thriller d’anticipation politique situé dans une Corse futuriste « et donc indépendantiste » (sic)...

Le film a été financé avec le trésor de Rommel ? Hélas, non. Archéologue de formation, cette histoire m’a toujours passionné. Mais je ne l’ai pas trouvé. Ni cherché, d’ailleurs ! On a fait le film comme les précédents : avec une économie limitée, mais sans rien se refuser. [La preuve : à la fin, il y a un Panzer en or massif et une scène de débarquement digne de Spielberg, ndlr]. Pour les costumes ’s, on a pioché dans les réserves de l’Armée du salut. Pour ceux des nazis, je connais de bons collectionneurs sur l’île…

On peut donc dire que votre film est  % corse ? On peut.

Y a-t-il un humour corse ? Si c’est le cas, je conseillerai de l’utiliser qu’avec modération.

Un non-Corse aurait-il pu faire ce film ? Bien sûr ! Mais dans mon cas c’était sans danger, puisque je suis Bastiais…

Vous dites avoir une formation en archéologie. Comment êtesvous devenu réalisateur ? J’ai mal tourné… Avant de tourner pas mal. Comme assistant réalisateur d’abord, puis pour la télé. Afrika Corse est mon premier film de cinéma. Il sort dans  salles sur le continent.

Quels sont vos maîtres en cinéma? Tex Avery et Hanna Barbera. J’ai découvert les Monthy Python plus tard. Cronenberg reste mon réalisateur préféré. Mais Afrika Corse s’inspire plutôt d’Un monde fou, fou, fou de Stanley Kramer...

À qui peut-on conseiller vos oeuvres ? À tous ceux qui ne veulent pas d’ennuis avec les Corses… Afrika Corse est mon film le plus grand public. Les enfants peuvent aller le voir.

Doit-on vous appeler maître ? Je vous en prie !

Merci maître. 1. Réalisateur américain des années cinquante, réputé pour ses films à petit budget aux effets spéciaux amateurs, bricolés et comportant de nombreuses erreurs techniques. 2. Selon une légende Corse vivace, un navire allemand transportant des caisses d’or pillé pendant la guerre par l’Afrikakorps, aurait coulé en 1943 au large de Bastia. Officiellement, l’or n’a jamais été retrouvé…

(Photo Cyril Dodergny) Afrika Corse, le film le plus délirant de l’été, a été présenté à Nice par son génial réalisateur...