Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

ALPHA BLONDY, VOIX DE PAIX

Il a le reggae dans la peau. En quarante ans de carrière, Alpha Blondy est devenu un personnage à part dans le paysage musical mondial. Une icône pour une jeunesse parfois perdue

- Textes: Antoine MEDEIROS. Photos: P. MEIFFRED, A. LEBEL, V. ROSSOTTI, MaxPPP, K, Antoine Wagner Studio, R. ARMANDO pour Thomas Nowak Consulting et DR

Année 1982. Seydou Koné est loin d’être la star qu’il est aujourd’hui. Alpha Blondy n’est pas encore Alpha Blondy. À bientôt 30 ans, le natif de Dimbokro en Côte d’Ivoire vient de faire décoller sa carrière. George Benson (pas l’Américain) lui produit son premier album. Jah Glory sort dans les bacs. L’une des pistes fait tiquer, dénonce les violences policières: Brigadier Sabari est née et, avec elle, le succès. Une simple chanson a lancé l’un des plus grands reggaeman de l’histoire. Alpha Blondy, le révolté, l’un des successeur­s de la légende Bob Marley. Une figure, capable de remplir des stades en Afrique, des Zénith en France et de faire de nombreuses tournées en Océanie ou en Amérique.

Il chante la paix comme le faisait Bob Marley

Difficile de résumer la carrière du chanteur. Périlleux même. Il règne chez lui une sorte d’aura compliquée à retranscri­re. Certains diront même un mysticisme. Une chose est sûre, Alpha est habité par une volonté. Elle le pousse à réussir. C’est ce désir qui a fait son engagement politique dans ses nombreuses musiques. Ce souhait fou de voir la paix régner. Peutêtre que c’est aussi la douce persuasion que la musique peut faire avancer le monde, le soigner. Chez Bob Marley prédominai­t la même chose, lui qui chanta Redemption song avec une foi qui transpirai­t l’optimisme. Alpha Blondy aussi n’a jamais hésité à hausser la voix. À dénoncer. En 1985, le reggaeman, qui parti à New York à 23 ans, sort son troisième album. Son nom ? Apartheid Is Nazism. Clair, net et précis. L’homme déteste la guerre – il a même refusé de sortir un disque tant que son pays était en conflit – tente de rapprocher les peuples grâce à sa musique, à ses paroles. Le tube qui le lança, Brigadier Sabari (en français, pitié brigadier) a été écrit après qu’il ait vu une rafle de la police ivoirienne. Révolté. Comme toute star qui se respecte, l’Alpha prend les choses à coeur, met à mal ses nerfs après de longues et éprouvante­s tournées. Comme toute star, il a été critiqué pour certains faits, comme ses liens avec les différents présidents ivoiriens.

Avec The Solar System

Mais Alpha Blondy attire aussi la lumière et la reflète. Les louanges atténuent les critiques. Le reggaeman est notamment engagé pour la liberté de la presse sur le continent africain, est ambassadeu­r de l’ONU pour la paix en Côte d’Ivoire, s’est rabiboché avec l’autre figure du reggae du pays Tiken Jah Fakoly pour entamer une grande tournée de la réconcilia­tion… Imparfait, certes, mais chantant l’amour. Fidèle aussi. Alpha Blondy ne sera pas seul à Lunallena. Comme souvent, il viendra accompagné du groupe qui le suit depuis de longues années: The Solar System. L’ensemble promet d’être lumineux. Le rendu magnifique. C’est quasiment quarante ans d’une riche carrière qui se produiront au stade Deferrari de Bandol. Entre pouvoir mystique et énergie positive.

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