Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Changer le regard sur le handicap »
Ce Tour de France à la voile est exceptionnel. Au-delà des performances sportives qui resteront dans les annales - six équipes se disputaient la victoire à deux étapes de la fin - ce Tour est aussi l’occasion de promouvoir d’importantes causes. La formation Fondation FDJ Des pieds et des mains, vainqueur du Tour, a pour particularité d’être engagée en tant qu’équipe handivalide. En effet, elle est composée de Damien Seguin, double champion paralympique (en à Athènes et à Rio) et vicechampion paralympique (à Pékin en ), et Damien Iehl, athlète de l’équipe de France engagé en match racing, l’antichambre de la course de l’America. Rencontre avec Frédérique Quentin, responsable du sport de haut niveau à la Fondation FDJ, qui a aidé à mener à bien ce projet.
Comment est né le projet ? La genèse est simple. Un jour, je discutais avec l’organisateur, ASO, sur la dimension sociale de leurs événements. On se disait qu’il n’y avait pas énormément de lien avec l’aspect intégration des personnes handicapées au sein des manifestations sportives. ASO était clairement réceptif. Je connaissais l’association de Damien Seguin « Des pieds et des mains » dans le cadre d’autres événements, j’ai donc contacté Typhaine Seguin, son épouse, il ya ans et banco, on s’est dit qu’on y allait.
Quel est l’objectif d’avoir une équipe handivalide ici ? C’est vraiment de contribuer à faire changer le regard sur le handicap. C’est un projet construit sur trois ans. La première année, nous avions une forte présence sur le village pour interpeller le grand public sur cette thématique, avec différentes animations mises en place. La deuxième année, nous étions axés sur la formation de jeunes athlètes dans le handivoile avec l’association « Des pieds et des mains ». Une sélection de jeunes espoirs a été réalisée, des jeunes ont été intégrés sur le bateau, ils ont fait des “inside”. La troisième année, c’était plus un projet de performance, parce que le titre paralympique de Damien Seguin lui a donné une plus grande envie. Ce succès, c’est avec un bateau « Des pieds et des mains » skippé par un champion paralympique.
Quels retours avez-vous eu après ce mois de course ? Les gens sont surpris. Les deux dernières années, le bateau pointait en fin de classement. Cette année, sur les régates pré-Tour de France, nous avons réalisé de très bons résultats, et des podiums. Là, notre objectif initial était le top , puis on est passé à un podium, et finalement la victoire. C’est complètement inattendu.
Un projet comme celui-ci peut-il changer les mentalités dans les autres sports ? Ce n’est pas facile d’intégrer des compétiteurs handicapés dans des compétitions valides. Notre objectif est aussi de faire de l’intégration dans la société. La performance est un super vecteur de communication, d’avoir un skipper champion paralympique qui gagne, c’est un super message. On a parlé du sport paralympique pendant les jeux, puis après on n’en a plus entendu parler, on en reparlera que dans quatre ans. Mais ce que l’on veut montrer, c’est que la performance peut être partout.