Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« On souhaite s’agrandir, embaucher et transmettre »
Depuis quand travaillezvous à la faïencerie ? Depuis ans. J’avais ans quand j’ai commencé.
Vous avez donc connu toutes les péripéties de l’entreprise ? Oui. En décembre , elle a été rachetée par un financier de Paris. On était sur deux usines. Il a licencié personnes et a fait fabriquer les biscuits au Portugal. Les six premiers mois, j’ai vu que ça ne tiendrait pas. Son équipe ne comprenait rien au métier. On a tenté de lui expliquer, mais il nous parlait comme à des chiens. En décembre , il a déposé une déclaration de cessation de paiement, refusée par le tribunal de commerce. Il l’a redéposée en janvier . Le février , on était en dépôt de bilan. Comment avez-vous réagi ? En décembre , j’ai appelé l’Union régionale des Scop pour prendre des renseignements. On a organisé une réunion avec tous les salariés, on était six partants, dont l’ancien directeur, Denis Foubert, parti à la retraite désormais. On a rencontré le liquidateur et, après quatre mois et demi de chômage, on a repris l’entreprise le
er juillet . Pour former le capital, on a obtenu la moitié des indemnités de chômage qu’on aurait dû toucher pendant mois. On a fait un crédit auprès de l’Union régionale des Scop pour acheter le fonds de commerce, les stocks et un four adapté à notre production. On a gardé l’outil de production. Et on a eu le droit à l’Accre Avez-vous eu des aides des collectivités? Non. On a débuté le
juillet , en pleine saison, on a donc pu faire de la trésorerie.
Actionnaire salariée et cogérante. Comment faites-vous ? J’ai débuté en bas de l’échelle et j’ai appris mon métier sur le tas. Ce boulot, je l’ai toujours fait avec mes tripes. À h je m’occupe des papiers, à h je fais l’émaillage, car je suis la seule à savoir le faire. On fait des heures, mais c’est pour la bonne cause. Depuis ans, j’ai appris la facturation, les commandes, les fournisseurs, l’organisation du travail, un véritable casse-tête. Pour moi qui ai quitté l’école à ans, c’est très enrichissant. Quel bilan tirez-vous ? C’est une belle aventure. Et si c’était à refaire, je recommencerais. Cette entreprise, c’est ma deuxième maison. Quand elle a fermé, je voulais m’enchaîner à la machine…
Et l’avenir ? Aujourd’hui, tout se passe bien. On voudrait s’agrandir pour embaucher pour former, faire plus de chiffre d’affaires et organiser la passation. Une Scop ne se vend pas, elle se transmet.
1. Société coopérative de production 2. L’Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (ACCRE) permet, sous conditions, aux demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise de bénéficier d’une exonération de charges sociales pendant un an.