Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Après les flammes, aider la nature à reprendre ses droits

Si certaines espèces végétales sont capables de se régénérer à la suite d’un incendie, les propriétai­res forestiers peuvent donner un coup de pouce à la reprise... Et être patients

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

La nature a horreur du vide et les forêts dévastées par les incendies reverdiron­t un jour. L’homme peut-il aider la végétation à reprendre vie ? C’est ce que nous avons demandé à Carole Penpoul, ingénieur, chargée de mission sur le plan de développem­ent du massif, au Centre régional de la propriété forestière (CRPF). Voici ses conseils... « La première chose à faire est de ne pas se lancer tout de suite. La précipitat­ion est inutile dans la forêt brûlée, souligne la spécialist­e. On n’est qu’à la moitié de l’été. Entre la sécheresse et le risque que d’autres feux se déclenchen­t, on peut attendre. »À l’automne, il sera toujours temps d’intervenir. À plusieurs si possible (lire ci-dessous). Agir donc, mais comment ? Les préconisat­ions techniques diffèrent selon les essences.

Feuillus ou résineux, une résilience différente

Chez les résineux, on distingue les pins d’Alep et pins maritimes, des pins parasols. « Si le houppier [branches du sommet, Ndlr] des premiers est touché à plus de 75 %, les arbres ne repartiron­t pas, selon Carole Penpoul. Ils tomberont dans un délai de trois ans, il faut les enlever. Le risque, en les laissant, est de rendre le massif impénétrab­le.» Le pin parasol, dont l’écorce plus épaisse protège la circulatio­n des vaisseaux dans le tronc, peut survivre si un quart au moins du houppier est épargné. « On ne coupe rien, on attend le printemps suivant, pour savoir s’il repart ou pas », suggère-t-elle. Les feuillus ont, eux, la capacité de rejeter à partir de la souche. Pour les chênes verts et chênes blancs, présents dans le Centre et Haut Var, il est possible de recéper c’est-àdire de couper toute la partie brûlée au ras du sol. Au bout de trois à cinq ans, on pourra sélectionn­er cinq à six brins, qui semblent plus hauts, et couper les autres. Et bien des années plus tard, encore resélectio­nner. « Cela, sur les petites propriétés. Ce genre d’action n’est pas financière­ment possible à grande échelle. On peut aussi ne pas sélectionn­er du tout, car la sélection se fera naturellem­ent au fil des ans », tempère l’ingénieur. L’évolution du chêne-liège est différente. Même s’il est entièremen­t carbonisé, il n’est pas condamné. Son écorce le protège, sauf bien sûr si elle a été levée récemment. « Cet arbre a des bourgeons dans le houppier qui peuvent repartir après le feu. Donc, on n’y touche pas », préconise-t-elle.

Valoriser le bois brûlé

Dans les forêts de pins, une partie du bois brûlé peut être valorisée pour du bois-énergie. « L’idée, c’est d’enlever ce bois brûlé pour le paysage, pour éviter de rendre les forêts impénétrab­les et favoriser la reprise des végétaux.» Dans le Var, une entreprise et des chaufferie­s communales sont intéressée­s par ce gisement. D’où la pertinence de réunir plusieurs particulie­rs pour avoir des volumes suffisants, mutualiser la coupe et l’enlèvement. Se regrouper, c’est aussi faciliter cette valorisati­on dont l’autre intérêt est de financer justement la coupe et l’enlèvement. Enfin, avant d’entamer quoi que ce soit après l’incendie, lorsque le terrain est situé en zone Natura 2000, il est bon de se rapprocher, des animateurs du site à même de conseiller pour protéger les habitats de la faune et de la flore. Car la forêt est un tout.

 ?? (Photo Louis Amandier - CRPF Paca © CNPF) (Photo Carole Penpoul - CRPF Paca © CNPF) (Photo D. Leriche) (Photo Jean-Marc Corti - CRPF Paca © CNPF) ?? Le chêne-liège, protégé par son écorce, repart du houppier. Le chêne vert renaît, lui, en faisant des rejets à partir de la souche. Voici le paysage, un an après le feu, sur une parcelle pentue où des pins brûlés ont été coupés et mis en fascine pour...
(Photo Louis Amandier - CRPF Paca © CNPF) (Photo Carole Penpoul - CRPF Paca © CNPF) (Photo D. Leriche) (Photo Jean-Marc Corti - CRPF Paca © CNPF) Le chêne-liège, protégé par son écorce, repart du houppier. Le chêne vert renaît, lui, en faisant des rejets à partir de la souche. Voici le paysage, un an après le feu, sur une parcelle pentue où des pins brûlés ont été coupés et mis en fascine pour...

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