Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Affaire Grégory : Murielle Bolle mise au vert, loin des médias
Les juges ont accédé à sa demande de remise en liberté. Mais le témoin clé du dossier devra résider dans la Nièvre et « pointer deux fois par semaine »
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon a accepté, hier, la demande de remise en liberté de Murielle Bolle, témoin clé de l’affaire Grégory, en l’assortissant d’un contrôle judiciaire strict, ont annoncé les avocats des deux parties. Mme Bolle devra « résider dans la Nièvre et pointer deux fois par semaine », a indiqué Me Marie-Christine Chastant-Morand, avocate des parents de l’enfant assassiné en 1984. Elle a également interdiction de tout contact avec la presse. « Si on voit son visage à la télévision, elle retourne en prison », a résumé l’un de ses avocats, Me Jean-Paul Teissonnière, qui s’est déclaré « satisfait » de la décision de la cour. Âgée de 48 ans, Murielle Bolle avait été mise en examen le 29 juin pour enlèvement suivi de mort et placée en détention provisoire. Adolescente à l’époque des faits, elle avait accusé son beau-frère, Bernard Laroche, du rapt du garçon de quatre ans retrouvé mort dans la rivière Vologne, avant de se rétracter. « C’est la raison juridique qui l’emporte », s’est félicité Me Teissonnière. « C’est pour nous un soulagement. » « La détention de Mme Bolle était un scandale, sa remise en liberté est normale », a-t-il encore estimé, ajoutant que sa cliente « maintient ses déclarations ». Pour l’accusation, la belle-soeur de Bernard Laroche, qui avait 15 ans à l’époque de la mort du petit Grégory, aurait changé son témoignage en 1984 après avoir subi des violences familiales.
« Eléments insuffisants »
Le 4 juillet, la chambre de l’instruction avait ainsi décidé de la maintenir en prison en attendant notamment qu’une solution d’hébergement sans contact avec sa famille puisse être trouvée. Pour ses défenseurs, il n’y a pas « d’éléments suffisants » pour la maintenir en détention, avait indiqué vendredi à la sortie de l’audience Me Thierry Moser, autre avocat des époux Villemin, disant s’en remettre « à la sagesse des magistrats ». Le procureur général Jean-Jacques Bosc s’était, quant à lui, opposé à la remise en liberté « pour les nécessités de l’enquête et l’efficacité des actes à venir », arguant que Mme Bolle ne serait pas à l’abri de pressions, « compte tenu de ce qui s’est passé en 1984 ».