Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Philippe Caubère : « Un Molière, ça ne dope rien d’autre que l’ego » EN VOILÀ
Sac à dos, bermuda. En provenance de sa résidence des environs d’Aix, le Molière du Comédien 2017, jadis figure du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, adopte la tenue de vacancier à Ramatuelle où il interprétait son autobiographique Bac 68 mardi soir. Après un hommage appuyé à Michel Galabru avec qui la rencontre avait eu lieu lors de sa dernière venue au Festival, Philippe Caubère échafaude les barricades de sa comédie humaine sous perfusion de Coca sans glace.
Le terme soixante-huitard est-il péjoratif pour vous ? Non. Moi-même j’en suis un. J’avais ans. J’étais chez les soeurs, à Salon-de-Provence, après avoir été viré du lycée. On a arrêté les cours et formé un comité d’action avec la bénédiction de la mère supérieure ! Cette époque a été une seconde naissance. J’ai senti que la jeunesse prenait le pouvoir.
L’obtention d’un Molière dope-telle les entrées de votre pièce ? J’en ai déjà eu deux avant et pour vous dire la vérité, je pense que ça dope l’ego mais rien d’autre ! (rires) Les Molières servent surtout ceux qui les organisent. Pas les acteurs ni le petit écran, car personne ne regarde. La télé pourrait faire mille fois plus pour le théâtre.
Gad Elmaleh qui vous appelle « Mon maître », ça flatte aussi l’ego ? Je suis très honoré quand des artistes de son calibre disent ça. Visiblement mon travail l’a inspiré de manière juste puisque c’est quelqu’un qui a beaucoup de succès. (sourire)
Toutes les époques de votre vie pourraient-elles faire spectacle ? Jusqu’ici je ne joue pas ma vie, mais ma jeunesse. Mon récit autobiographique s’étend de moins neuf mois, dans le ventre de ma mère, à trente ans. Moment où je commence à écrire mes spectacles. J’aimerais franchir le pas et traiter de l’après... Sauf que le prochain épisode qui s’appelle Adieu Ferdinand [à Toulon le avril , ndlr] parle encore de ma jeunesse !
Comment menez-vous votre barque dans ce que vous nommez la « culture industrielle » ? Je profite des miettes ! Sinon comme les artistes que j’admire, façon Woody Allen, j’ai constitué autour de moi un rempart. Je travaille avec Véronique qui a fini par devenir ma femme et nous avons créé une petite structure dont la loi unique est celle de la création. Cela m’a permis de faire spectacles en trente ans et trois films.
Quelles attentes vis-à-vis de la nouvelle ministre de la Culture ? J’admire beaucoup Françoise Nyssen. Je l’ai rencontrée via mon amie Nancy Huston, l’une des auteures phare d’Actes Sud. Le dernier ministre à la hauteur de la fonction était Frédéric Mitterrand. Sous Hollande dont j’étais pourtant un supporter, c’était assez consternant... La « culture pour tous » est un poncif. J’aimerais un ministre qui ose dire, je vais être le defenseur des artistes, des créateurs. Voilà ! Aragon ou Harpagon ? J’aime Aragon. Harpagon je m’en fous !
Comique ou burlesque ? Comique, car ça recouvre le burlesque aussi.
Passe ton bac d’abord ou Get back ? Le film de Pialat mais pour la phrase aussi. Je me vois bien dire ça à un jeune...
La Femme publique ou La Femme flic ? La Femme publique ! Pour le film de Zulawski et aussi pour ce qui est l’un de mes grands chevaux de bataille. Ah... La Femme flic, vous faites référence au film d’Yves Boisset dans lequel j’ai tourné ! Oui bon, c’était sympa, mais sans plus.
Attachée de presse ou revue de presse ? Attachée de presse. J’en ai joué une en plus dans l’un de mes spectacles. Même si je me suis beaucoup moqué d’elle ! (rires)