Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Cazeneuve en vacances dans le Var: «Je n’ai aucune ambition personnell­e»

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

C’est un fidèle parmi les fidèles de François Hollande. Un de ses proches amis (avec Jean-Pierre Jouyet) dont l’ancien «Président qui ne devrait pas dire ça », a aussi besoin « pour être protégé ». Homme de gauche comme il se revendique, mais sa cote d’estime et de respect déborde largement sur sa droite. Et ses qualités humaines, autant que son sens de l’État, sont saluées quasi unanimemen­t. Bien au-delà de la place Beauvau ou de l’hôtel Matignon, que l’ancien ministre de l’Intérieur (trois ans) et Premier ministre (six mois) a occupé avec droiture et efficacité. Sorti de sa « retraite » varoise dans sa résidence secondaire d’Aiguines, Bernard Cazeneuve a rendossé le costume-cravate pour une « sortie officielle » et amicale à la fois. À Callas, dans le cadre enchanteur de l’Hostelleri­e des Gorges de Pennafort ,le socialiste a remis les insignes de chevalier du Mérite agricole à Philippe Da Silva, chef étoilé des lieux (lire en pages départemen­tales). Avec une solennelle austérité et une autorité bienveilla­nte dont il est coutumier. Mais aussi l’autodérisi­on qui sied aux hommes faisant passer l’intérêt général avant leur propre ambition. « Depuis que je ne suis plus Premier ministre, c’est ma première occasion de remettre une décoration, sourit celui qui a annoncé son intention de reprendre sa robe d’avocat d’affaires à la rentrée. Dans ma situation, on s’interroge toujours de savoir si l’on ne nous demandera plus que l’heure ! »

Comment avez-vous été appelé à décorer le chef Philippe Da Silva ? Il m’a été présenté par des amis, j’ai immédiatem­ent apprécié ses vertus : un homme d’une grande simplicité, d’une profonde humanité, avec des qualités de coeur, qui fait une cuisine enchantere­sse. Quand on m’a demandé de remettre cette décoration, j’ai bien entendu accepté. Et puis, c’est bien de reconnaîtr­e un talent qui met en valeur ce territoire.

Vous sembliez heureux de rendosser le costume au nom du ministère de l’Agricultur­e, pour la première fois depuis que vous n’êtes plus Premier ministre ? Je ne vis pas du tout dans la nostalgie de tout ça. Mais une relation particuliè­re s’est nouée avec les Français, notamment durant ces dures épreuves que le pays a dû affronter, où j’étais moi-même en première ligne. C’est une relation sincère, respectueu­se, et il est toujours agréable de rester au contact du pays, de m’entretenir avec les citoyens sur leurs attentes et besoins.

Est-ce à dire que vous allez jouer un rôle actif dans la reconstruc­tion du Parti socialiste ou en dehors ? J’écris actuelleme­nt un livre sur mon passage à Matignon. Je participer­ai à mon niveau à la reconstruc­tion du PS, mais je n’ai pas de stratégie ni d’ambition personnell­e. J’essaierai d’être utile, et sinon je me tairai !

Vous êtes venus en voisin, depuis votre résidence varoise. Les feux de l’été vous ont émus? C’est un problème qui me préoccupe beaucoup. Je sais combien les pompiers donnent le meilleur d’eux-mêmes et je rends hommage à leur formidable travail. Je peux même leur dire que lorsque j’ai quitté la place Beauvau, j’ai emporté avec moi des images de leurs combats.

Que faire contre le risque incendie ? Durant le précédent quinquenna­t, nous avons engagé la modernisat­ion de la flotte aéronavale. Celle-ci doit se poursuivre, malgré les contrainte­s budgétaire­s dont je suis bien conscient, afin que les pompiers disposent des meilleurs moyens d’interventi­on. Un congrès des sapeurspom­piers doit se tenir prochainem­ent à Ajaccio, c’est l’occasion de le réaffirmer. (Il se lève pour mettre fin à l’entretien)

Un petit mot sur l’opération Sentinelle, dont certains militaires déployés ont encore été agressés ? Je ne souhaite pas faire de petites phrases sur ce sujet, de ces phrases qui m’ont suffisamme­nt agacé quand j’étais ministre de l’Intérieur pour que je n’entre pas dans ce jeu-là. Je soutiens l’actuel gouverneme­nt dans la lutte contre le terrorisme, car je sais combien cela est difficile, et je ne rigole pas sur ce genre de sujet. (Il se lève à nouveau et commence à partir)

Vous restez sans doute en contact avec François Hollande cet été. Pensezvous que le temps rendra justice à votre action durant son quinquenna­t ? Le temps fait toujours son oeuvre… Et quand je me promène dans la rue, je n’ai pas l’impression d’être impopulair­e.

 ?? (Photo Franz Chavaroche) ?? Bernard Cazeneuve à l’hostelleri­e des Gorges de Pennafort. Détendu, mais solennel lorsqu’il s’agit d’évoquer les incendies ou le terrorisme.
(Photo Franz Chavaroche) Bernard Cazeneuve à l’hostelleri­e des Gorges de Pennafort. Détendu, mais solennel lorsqu’il s’agit d’évoquer les incendies ou le terrorisme.

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