Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Chez les Bianchi, une tradition de père en fils
Dans le village, il est connu comme « l’un des meilleurs joueurs de l’époque ». Patrick Bianchi, 65 ans, a bien pris quelques cheveux poivre et sel au fil des saisons. Et s’il nous reçoit en chaussons, il ne va pas tarder à enfiler ses baskets. Car il reste l’un des 330 Artignoscais qui continue volontiers de suer devant le fronton de l’église. Au moment de parler de la tradition de la paume, il ose vite : « On est au coeur de la vie intime du village. En communion avec nos ancêtres. C’est un grand moment de fraternité. D’amour, même. » Patrick a commencé à taper la balle avec ses copains à l’âge de 12 ans, quand les anciens leur laissaient le champ libre. Les adultes, « des paysans », ne jouaient déjà plus avec l’antique pelote provençale (faite d’une boule de bois, d’élastiques et de cuir). Lui a bien tenté de « peler les balles de tennis et d’injecter de l’eau avec une seringue pour qu’elles soient plus lourdes ». C’était parti pour d’interminables échanges, notamment l’été. « Dès qu’il y avait du soleil, même en hiver, on jouait », précise Patrick Bianchi. Logiquement, celui qui est né dans la maison qui fait face à l’église d’Artignosc est vite devenu mordu. Comme son père avant lui. Comme ses fils, Jean et Olivier –- celui-ci a créé l’AIPA « pour sauvegarder un patrimoine ». Dorénavant, c’est le petit-fils, Abel, qui semble déjà prêt à assurer la relève. « Mon grandpère m’entraîne, alors je progresse. C’est mon sport préféré et j’espère gagner un jour la coupe du monde », annonce le garçon. Qui sera peut-être à son tour considéré un jour comme le meilleur joueur de paume artignoscaise. La tradition est en marche.