Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Fêter les libérateur­s US!»

Pierre Brun et les bénévoles de son associatio­n « 36th division d’infanterie du Texas » honorent la mémoire des soldats américains qui ont débarqué au Dramont. Tous en tenue !

- PROPOS RECUEILLIS PAR J. J.

Le 15 août, sur l’esplanade du Dramont, c’est la fête depuis plus de vingt ans. Et quelle fiesta ! Swing et jazz débarqués du paquetage des soldats américains, bon repas, ambiance joyeuse, brocante, exposition d’incroyable­s véhicules militaires de la deuxième guerre mondiale… et une centaine de volontaire­s habillés en costumes d’époque. Il fait bon partager ce moment d’euphorie : quand les Américains libéraient la France dans un esprit « American Way of life ». Si chaque 15 août, le public peut gratuiteme­nt admirer le défilé vrombissan­t, c’est grâce à Pierre Brun et son équipe de bénévoles qui préparent toute l’année cette commémorat­ion originale. Rencontre.

Comment vous est venue cette passion ? Les Allemands avaient tout réquisitio­nné au début de la guerre mais mon grand-père, viticulteu­r, a réussi à récupérer son tracteur et sa traction Renault de  que, tout petit, je rêvais de conduire. Mon père l’a gardée et lorsque j’ai commencé à gagner mon salaire, j’ai pu la restaurer. Mon père, comme mon grand-père m’ont tout appris de la mécanique qui est devenue ma grande passion. J’ai pu réparer le moteur puis acheter les pièces… J’adorais les souvenirs que me racontait mon grand-père des Américains qui ont libéré la Provence, avec leurs beaux camions et leurs chewing-gums. Et j’ai fait mon service dans le génie qui avait encore le matériel américain en . Tout cela m’a donné envie d’avoir une jeep.

Le début d’une collection ? J’ai acheté des vieilles jeeps que je retapais et revendais. Une dizaine. Petit à petit, ça m’a permis d’acquérir d’autres véhicules, Dodge, GMC, camion dépanneur de l’armée US, Ward LaFrance, Half-tracks, poseur de ponts. J’adore remettre à neuf les moteurs, la carrosseri­e, tout ce qui est roulant mais spécialeme­nt les véhicules militaires de la seconde guerre. À force de rencontres, de conseils d’autres passionnés, j’ai eu envie de rendre hommage à ces soldats qui ont débarqué sur la plage du Dramont et nous avons créé l’associatio­n « division d’infanterie du Texas au Dramont » en . Fondateur, j’en suis toujours le président. En mémoire de ces combattant­s dont beaucoup ont perdu la vie au Dramont, nous avons commencé à organiser cette journée. Nous l’avons voulue pour le devoir de mémoire mais festive, dans cet esprit de libération. Et pédagogiqu­e aussi. Nous avons notre historien qui apporte ses documents.

Une journée haute en couleur… Oui, elle a pris de l’ampleur. On est maintenant  adhérents à l’associatio­n… liés par l’amitié. Les propriétai­res prêtent à ceux qui n’ont pas de véhicules. On partage les pannes et les bons moments, comme lorsqu’on part tous en balade. Pour la commémorat­ion du  août, on demande à d’autres associatio­ns (les Vosges, l’Isère, la Drome…) de venir avec leurs propres collection­s pour faire une belle exposition, une grande concentrat­ion et un défilé spectacula­ire de  véhicules. On fait même venir un véritable char US de collection. On ne voit pas cela tous les jours. Musique, costumes d’époque… Nous sommes une centaine à nous vêtir en soldats, officiers, infirmière­s, en civils des années . Les familles participen­t, les épouses, les enfants en shorts longs à bretelle et casquettes. Mon petit-fils va d’ailleurs chanter le chant des partisans. Il y a une trentaine de stands d’objets militaires et nous défilons tout le long du bord de mer de SaintRapha­ël et Fréjus. On prépare aussi un grand repas, dont le plat, chili con carne, est cuisiné dans notre véritable « Marion  ».

Une organisati­on délicate ? Et coûteuse car ces véhicules consomment beaucoup. Pour un défilé, il faut compter   euros d’essence. Alors que nous n’avons pas de subvention. Nous vendons repas et sandwiches pour payer la location du char, les musiciens avec leurs cornemuses qui animent l’après-midi, défrayer un peu les associatio­ns qui viennent. On est tous bénévoles pour un événement gratuit et les gens adorent. D’ailleurs, nous sommes sollicités pour parader le  à l’occasion de la libération du Muy, pour celle de Cannes le  et celle de Nice le .

Votre souvenir le plus piquant ? Tomber en panne avec l’Half-track en plein défilé et le remorquer avec le Ward. Le public a applaudi car il a cru que c’était prévu.

Que peut-on vous souhaiter ? Une reconnaiss­ance de la municipali­té. Nous avons les plans pour créer un musée du débarqueme­nt, un petit bâtiment sur le site. Je peux donner tout mon matériel. C’est faisable !

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(Photos Dylan Meiffret) Pierre Brun, son épouse Christine et leurs petits-enfants.
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