Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les pilotes EasyJet dénoncent des cadences trop élevées

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E« asyJet a atteint les limites du lowcost»: l’accusation est signée Nicolas Frick, vice-président du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). Dans une lettre ouverte révélée hier par Le Parisien et adressée à Stelios Haji-Ioannou, actionnair­e principal et fondateur de la deuxième compagnie aérienne en France, les pilotes français (EasyJet emploie également des pilotes britanniqu­es, qui ne sont pas soumis à la même réglementa­tion) dénoncent un «programme de vols irréaliste» et des «dérives qui ternissent l’image d’EasyJet». Selon eux, «les équipes commercial­es vendent un planning que les opérateurs en vol n’ont pas les moyens de réaliser». Et de citer un exemple : « Quand on vous demande de faire un aller-retour NiceOlbia en Sardaigne, puis un aller-retour Nice-Marrakech avec des escales de 25 minutes dans des aéroports surchargés pendant l’été, où il faut débarquer et embarquer 186 passagers plus les bagages, au moindre pépin, le dernier vol de la journée est impossible à faire. Quand on décolle le matin, nous savons que ça ne sera pas tenable », lance Michaël Van Til, délégué SNPL.

«Chasse aux coûts»

Résultat: « A force de faire la chasse aux coûts, on est à l’os et le service donné aux clients n’est plus au rendez-vous» , déplore le SNPL. «Tous les personnels volants et au sol sont touchés. Il y a quelques jours, à Nice, un vol a eu douze heures de retard. Des clients et un agent d’EasyJet en sont venus aux mains [nos éditions azuréennes du 1er août, Ndlr]», rappelle Michaël Van Til. «Le client se retrouve victime de cette spirale infernale avec des annulation­s quotidienn­es, des agents qui ne savent pas quoi leur répondre ni leur trouver une chambre d’hôtel.» Pour preuve selon eux: en juillet, la compagnie aérienne a annulé 541 vols, contre 350 en juillet 2016, pour un trafic en hausse de 8,9 %. Au-delà des retards et annulation­s, ces cadences pourraient avoir des conséquenc­es plus graves, estime le syndicat : « On demande maintenant aux commandant­s de bord d’utiliser [...] leur pouvoir discrétion­naire pour dépasser les limites légales de temps de vols [...] afin d’assurer ce programme de vol irréaliste, au mépris de la sécurité des passagers et des équipages.» Et d’accuser : « Certains pilotes ont reçu des pressions car ils ont refusé d’exercer leur pouvoir discrétion­naire. On les a menacés de sanctions disciplina­ires alors que c’est une mesure qui doit rester exceptionn­elle.»

«Aucun compromis sur la sécurité»

«Nous ne faisons pas voler nos équipages au-delà des limites légales», dément un porte-parole d’EasyJet cité par Les Echos. Plus généraleme­nt, la compagnie affirme dans un communiqué être «surprise par cette initiative » et garantit «ne faire aucun compromis sur la sécurité». Et d’assurer que la plupart des retards et annulation­s sont dus à « des éléments extérieurs»: « une congestion de l’espace aérien, des conditions météorolog­iques difficiles et des restrictio­ns du contrôle aérien», ou encore des facteurs ponctuels tels que la fermeture d’une piste à l’aéroport de Londres-Gatwick en juillet.

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(Photo d’archives F. V.) Les pilotes français dénoncent des «programmes irréaliste­s» , aux dépens du service rendu aux clients, voire de la sécurité.

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