Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Chikunguny­a : une victime témoigne

Maux de tête, nausée, douleurs articulair­es… Raymonde, l’une des deux personnes infectées à ce jour par le virus, raconte sa maladie. Malgré les démoustica­tions, d’autres cas sont à redouter dans la commune

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Même à mon pire ennemi, je ne lui souhaitera­is pas d’attraper le chikunguny­a. »Ce cri du coeur, c’est Raymonde Noël qui le pousse. Cette femme de 67 ans est le deuxième cas de chikunguny­a autochtone officielle­ment recensé en à peine trois jours dans la commune du Cannet-des-Maures. Rencontrée hier dans sa maison, située dans un lotissemen­t en plein centre-ville, elle raconte sa semaine de calvaire. « Tout a commencé lundi dernier (le 7 août, Ndlr). J’ai ressenti des maux de tête, la nausée, mais le pire ce sont les douleurs articulair­es dans les chevilles, les genoux et les mains. C’était très dur à supporter et ça fatigue énormément. » Encore affaiblie, Raymonde Noël ne comprend pas comment elle a pu être infectée. « À la maison, on n’a pas de bassin, ni de récipient avec de l’eau stagnante où les moustiques tigres auraient pu proliférer. Je ne suis vraiment pas sûre que ce soit chez moi que j’ai été contaminée », confie-t-elle. Mais la première personne atteinte au Cannet-des-Maures n’habite qu’à quelques dizaines de mètres derrière chez elle…

Une mise en quarantain­e

En tout cas, Raymonde Noël n’est pas près d’oublier l’été 2017. Après une semaine de canicule « où on restait cloîtré à la maison jusqu’au soir pour échapper aux heures les plus chaudes de la journée », elle a été priée de rester chez elle pour éviter de propager la maladie. « C’est comme si j’avais été mise en quarantain­e, sourit-elle timidement. Même mes petitsenfa­nts ont arrêté de venir me voir, ma fille craignant qu’ils ne tombent malades à leur tour. » Après ces deux premiers cas rapprochés de chikunguny­a, le village ne semble pas pour l’heure céder à la panique. Il n’y avait qu’à voir hier midi les habitués prendre l’apéro ou jouer à la belote pour s’en convaincre. Même insoucianc­e au Vieux-Cannet. «En lisant le journal ce matin, j’ai appris qu’il y avait un nouveau cas de chikunguny­a en Centre Var, mais je ne savais pas que c’était au Cannet», témoigne un habitant du hameau médiéval.

Un probable e cas à venir

Il faut dire que les autorités sanitaires, qui prennent visiblemen­t l’affaire très au sérieux, ont été réactives. À la demande de l’Agence régionale de santé ProvenceAl­pes-Côte-d’Azur qui, depuis lundi 14 août, a placé le Var en niveau 3 du plan national de lutte contre le moustique tigre, l’Entente interdépar­tementale pour la démoustica­tion a effectué deux interventi­ons spéciales les 11 et 14 août. Concrèteme­nt, l’EID a procédé à la pulvérisat­ion d’insecticid­e sur la voie publique. Une opération visant à « éviter la mise en place d’une chaîne de transmissi­on locale de la maladie », peuton lire sur un document d’informatio­n largement diffusé dans les boîtes aux lettres de la commune. Malgré ces efforts, le Cannet-des-Maures n’est peut-être pas encore au bout de ses peines. En effet, d’après Raymonde Noël, son mari pourrait être la prochaine victime déclarée. « Lui qui est habituelle­ment très actif est HS depuis hier (lundi). Il commence à avoir les mêmes symptômes que moi. Demain, il a prévu d’aller chez le médecin. » Affaire à suivre.

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(Photo Frank Muller et infographi­e Rina Uzan) Depuis lundi  août, l’Agence régionale de santé a placé le Var en niveau  du plan national de lutte contre le moustique tigre.

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