Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Drame dans une pizzeria: le motif reste très confus
L’homme ayant foncé sur l’établissement à Sept-Sorts a de graves troubles psychologiques et se montre incohérent. La piste terroriste est toutefois «totalement écartée»
Les « graves troubles » et propos « incohérents » du conducteur ayant foncé lundi soir sur une pizzeria à Sept-Sorts, faisant un mort et 12 blessés (nos éditions d’hier) , ne permettaient pas hier de cerner le mobile de son acte, qui a plongé ce petit village de 491 habitants, en Seine-et-Marne, dans un « drame absolu », selon les mots du maire. « Les auditions s’avèrent très compliquées, floues. L’intéressé tient des propos incohérents », a déclaré hier le procureur adjoint de Meaux, Eric de Valroger. Il a répété qu’un mobile terroriste est «totalement écarté», une question qui s’était d’emblée posée moins d’une semaine après l’attaque à la voiture-bélier contre des militaires à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). L’homme est par ailleurs inconnu des services de renseignements, a indiqué le ministère de l’Intérieur.
Un « véritable délire de persécution »
Lundi peu après 20 heures dans le village de Sept-Sorts, près de La Ferté-sous-Jouarre, cet homme de 32 ans est sorti de la route sur laquelle il roulait dans sa BMW pour foncer sur la terrasse d’une pizzeria et s’encastrer dans le restaurant, tuant une adolescente de 12 ans (et non 8 ans comme indiqué à l’origine par des sources judiciaires et de gendarmerie). Parmi les cinq victimes initialement déclarées en état d’urgence absolue – dont le petit frère de trois ans de la jeune fille –, l’une d’entre elles, une femme de 44 ans, avait encore hier après-midi son pronostic vital engagé, a indiqué le procureur adjoint lors d’un point presse à Meaux. Sept autres personnes se trouvaient en état d’urgence relative et 25 ont été « impactées » psychologiquement. Alors que le conducteur avait dans un premier temps confié avoir pris « une quantité importante » de médicaments dimanche car il « envisageait de se suicider », il s’est décrit comme « hors contrôle » au moment des faits et s’est montré « très confus quant au mobile », a poursuivi Eric de Valroger. Ce vigile, en arrêt après un accident de travail et dans un « véritable délire de persécution » ,se pensait «suivi», a-t-il ajouté. Dominique Laurens, la procureure de Meaux, avait auparavant fait état de « graves troubles sur le plan psychologique ».
Présenté à un juge aujourd’hui
Un dépistage urinaire aux stupéfiants, qui doit être confirmé par une analyse sanguine, s’est révélé « positif » chez le suspect, qui s’est déclaré « très gros consommateur de produits stupéfiants », selon le procureur adjoint. Le test d’alcoolémie auquel a été soumis cet homme, condamné en 2010 pour conduite en état alcoolique, s’est en revanche révélé négatif. Une perquisition a été menée à son domicile à La Ferté-sous-Jouarre. Le jeune homme « avait beaucoup de diplômes mais ne parvenait pas à trouver du boulot. Dernièrement, il avait travaillé dans le gardiennage », a raconté une voisine, Elise Brunet, dont les enfants sont amis avec lui. Les qualifications de « meurtre aggravé » et de « tentative de meurtre aggravé » ont notamment été retenues. Il doit être présenté aujourd’hui devant un juge d’instruction.