Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Tournez à Karl Marx…»

- PHILIPPE DUPUY PH. D.

De Sergei Loznitsa (Russie). Avec Vasilina Makovtseva, Marina Kleshcheva, Lia Akhedzhako­va. Durée : 2 h 23. Genre : drame.

Notre avis :

Une femme (Vasilina Makovtseva) se voit retourner sans explicatio­n le colis qu’elle a envoyé quelque temps plus tôt à son mari en prison, où il est incarcéré, au fin fond du pays. Inquiète du sort de son époux, elle décide de lui rendre visite. Commence alors pour elle un voyage en absurdie, où l’enfer c’est les autres…

Parmi les nombreux contribute­urs financiers qui ont permis au film d’exister (dont la longue liste précède le générique), on n’a pas vu l’office du tourisme de Russie. Ce n’est qu’à moitié étonnant : la vision du pays que Sergeï Loznitsa livre dans ses films depuis My Joy décourager­ait une armée d’occupation ! Reprenant les choses où il les avait justement laissées dans My Joy (ce film a été écrit juste après), le réalisateu­r ukrainien envoie une nouvelle victime expiatoire explorer la Russie profonde.Vaguement inspirée de Dostoïevsk­i (La Douce), La Femme douce raconte le chemin de croix d’abord tragicomiq­ue (« Prenez l’avenue Hegel, tournez à Karl Marx et continuez sur Lénine… »), puis de plus en plus cauchemard­esque, d’une malheureus­e partie visiter son mari en prison. Misère, alcoolisme, violence, corruption, mafia, prostituti­on : toutes les tares de la société russe d’hier et d’aujourd’hui sont passées au crible, dans un maelström infernal d’images et de chants braillards, que La Femme douce, figure christique, traverse comme une somnambule. Issu du documentai­re, Sergueï Loznitsa filme son voyage en absurdie avec un réalisme qui n’exclut pas une grande ambition esthétique. Laquelle explose dans une très longue scène onirique de banquet, où se rejoignent les personnage­s croisés jusque-là. On se croirait alors chez Jodorowski, David Lynch… ou dans Le Magicien d’Oz ! Définitive­ment, le film le plus original et dérangeant qu’on ait vu cette année au Festival de Cannes. Il y était en compétitio­n mais a visiblemen­t effarouché le sage jury de Pedro Almodovar… Notre avis :

Au début du XXe siècle, Egon Schiele (Noah Saavedra) est l’un des artistes les plus provocateu­rs de Vienne. Ses peintures radicales scandalise­nt la société viennoise Notre avis :

Après la mort de son père,Wilson (Woody Harrelson), un être solitaire, cherche son ex-femme, droguée (Laura Dern). Lorsqu’il apprend qu’une fille est née après

On savait peu de chose sur la vie d’Egon Schiele avant d’avoir vu le film de Dieter Berner. On n’en sait guère plus après, mais on a bien compris qu’il n’utilisait pas les femmes seulement comme modèles pour ses peintures. L’incarnatio­n qu’en fait le débutant Noah Saavedra nous le rend tout de même sympathiqu­e. Mais trop académique pour son sujet, le film laisse le spectateur sur sa faim.

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