Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
B. de Boisgelin déplore «le désintérêt et l’indifférence»
Président de la communauté de communes Provence Verdon et maire de Saint-Martin de Pallières, Bernard de Boisgelin a pris sa plume pour dénoncer la différence de traitement entre les territoires frappés par les incendies. Il s’adresse au préfet du Var et lui demande de transmettre le message au gouvernement. Voici sa lettre, en date du 14 août : « En cette fin de mois de juillet, notre communauté de communes a connu un des pires incendies de son histoire, ravageant près de 1 600 hectares de forêt répartis sur les communes d’Artigues (480 ha), Seillons (430 ha), Esparron (407 ha) et Saint-Martin de Pallières (132 ha). Au plus fort de ce sinistre, Monsieur le Premier ministre s’était déplacé dans le Var, à Bormes-les-Mimosas, accompagné du Ministre de l’Intérieur, de Madame la Secrétaire d’État chargée de la transition écologique et de l’ensemble des représentants de l’État et des responsables politiques de la Région. Le 11 août dernier, deux secrétaires d’État du gouvernement sont venus constater les conséquences de cet incendie dans les Maures et annoncer des mesures en faveur de l’environnement.
Intérêt dégressif plus on s’éloigne de la Côte
Nous connaissions l’intérêt dégressif que portent les médias nationaux, au fur et à mesure qu’ils s’éloignent du bord de mer, nous découvrons à présent que ce phénomène s’applique également aux membres du gouvernement. Je n’ai, pour ma part, ni en tant que maire d’une commune sinistrée, ni en tant que président de communauté de communes compétentes en matière de défense d’incendie et de protection forestière, jamais eu aucun contact avec des représentants ou des services de l’État. En outre, nous avons pu apprécier, clichés à l’appui, tout l’intérêt que portait Monsieur le secrétaire d’État à la transition écologique aux tortues et son annonce d’une enveloppe en faveur du conservatoire du littoral. Nous nous en réjouissons pour le Cap Taillat et le Cap Lardier. Cependant, même si la densité de célébrités ou de personnalités en vue y est chez nous quasiment nulle, la richesse et l’intérêt écologique, paysager et patrimonial de notre territoire, préfigurant le pays des plateaux de Haute Provence, en sont tout autant majeurs. On peut, d’ailleurs légitimement se poser la question de savoir si la protection totale de ces espaces contre la spéculation foncière et le développement immobilier, dénués de toute construction, n’a pas été paradoxalement une cause de la durée exceptionnelle de cet incendie, qui s’est étendu pendant quatre jours et cinq nuits, malgré des accès terrestres et aériens à ce massif très favorables.
Une visite et des mesures attendues
Soyons clairs. Ce ne sont pas juste l’octroi d’une subvention, ni une simple aide financière auxquelles nous prétendons dans cette démarche ; l’effort de nos populations et la solidarité entre les communes sauront, comme nous en avons l’habitude dans ce Haut Var, faire face aux conséquences de ce désastre. Ce que nous déplorons, ce sont le désintérêt et une certaine indifférence marquée à notre égard, par ce traitement des événements, différant selon les secteurs. On demande régulièrement aux territoires ruraux de ne pas opposer les zones urbaines du Var aux villages du Haut Pays ; il faudrait qu’en retour se manifeste une certaine considération à leur égard. La polémique indigne, nos collines encore fumantes, qui a fait un amalgame entre ces incendies et le recours des communes rurales à l’encontre du système de cotisation du SDIS en est une expression criante. Ces considérations étant faites, nous serions tout à fait disponibles à accueillir un membre du gouvernement pour lui faire découvrir notre patrimoine forestier, les actions que nous y menons depuis des décennies et envisager avec lui, les mesures à mettre en oeuvre pour réparer le lourd bilan écologique de cet été 2017. Je vous demanderais, Monsieur le Préfet d’être notre interprète en ce sens, auprès de Monsieur le Premier ministre. Quoi qu’il en soit, ici, avec tous les élus, les acteurs de la forêt et les populations qui ont été exemplaires durant ces terribles journées, nous allons poursuivre nos efforts avec détermination et fierté. » À l’heure où nous mettons sous presse, cette lettre n’a reçu aucune réponse.