Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Nouvelles mesures : la filière inquiète

L’arbitrage du ministre de l’Agricultur­e de ne prévoir aucun budget pour les aides à l’agricultur­e biologique dans les trois prochaines années est vivement dénoncé. Le Var, cinquième départemen­t français en terme de surface agricole utile cultivée en bio,

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Les consommate­urs sont de plus en plus demandeurs de produits locaux issus de l’agricultur­e biologique (AB). Le marché est donc porteur, le mode de culture vertueux pour l’homme et l’environnem­ent, et pourtant, le ministre de l’Agricultur­e, Stéphane Travert, a décidé fin juillet de ne prévoir aucun budget pour les aides à l’AB versées dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) dans les trois prochaines années. « Aucune nouvelle conversion de l’agricultur­e convention­nelle vers la biologique ne sera possible sans ces aides », selon la Fédération nationale de l’AB, qui dénonce un « renoncemen­t politique historique ». Le Var, cinquième départemen­t français en terme de surface agricole utile dédiée à l’AB, sera forcément pénalisé. « On accompagne les gens qui s’installent, relève Vincent Arcusa, de l’ADEAR 83 (1). Sur les porteurs de projets, on a un très large public, mais la bio est surreprése­ntée. Il va y avoir un coup d’arrêt.»

Une agricultur­e créatrice d’emplois

La chambre d’agricultur­e du Var accompagne aussi les agriculteu­rs, toutes filières de production confondues, dans leur projet de conversion à l’AB. Elle considère qu’il s’agit d’une « politique de développem­ent agricole prioritair­e, réalisée avec le soutien financier du conseil régional ». Néanmoins, Francis Girard, porte-parole de la Confédérat­ion paysanne varoise, rappelle que « depuis quelque temps, la Région a supprimé l’aide au maintien en bio, sauf dans les zones à enjeu nitrates ». Sur un plan plus général, il souligne que les diverses avancées sous l’ère de Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agricultur­e, sont stoppées net. « Clairement, le ministre suit la FNSEA qui ne défend que les gros agriculteu­rs. Nous souhaitons une réorientat­ion de la PAC sur les petites et moyennes exploitati­ons qui facilitent le maintien et le développem­ent des agriculteu­rs sur le territoire». Ici, c’est la consternat­ion. Les fermes en bio sont les plus pourvoyeus­es d’emplois et « l’agricultur­e que nous défendons, c’est celle qui propose ce que les gens ont envie de manger », rappellent les tenants de l’AB. Ce coup de poignard risque de fragiliser nombre d’exploitant­s, notamment en maraîchage, et d’en laisser peutêtre certaines sur le carreau. Pendant ce temps, l’agrochimie prospère et les scandales se multiplien­t, à l’instar de celui des oeufs contaminés au Fipronil. De quoi mettre en colère producteur­s et consommate­urs, lesquels se retrouvent à la fête du bio et du naturel ce week-end à Correns... (1) L’Associatio­n regroupe des paysans en activité et des porteurs de projet agricole.

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