Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

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- PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE GEORGES

Paris, Berlin, Nice, Manchester, Barcelone… Les réseaux terroriste­s se jouent des frontières. La lutte ne devraitell­e pas être organisée au niveau européen ? Les réseaux terroriste­s et ceux de la criminalit­é organisée s’exonèrent traditionn­ellement des frontières étatiques. C’est parfois la raison de leur survie. Plusieurs dispositif­s existent au niveau européen : Frontex pour la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e, Europol pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme. Cet office a contribué aux enquêtes sur les attentats de novembre  en France. Les parquets des États membres de l’Union européenne coopèrent déjà dans le cadre d’Eurojust et recourent, par exemple, régulièrem­ent au mandat d’arrêt européen. Néanmoins criminels et/ou terroriste­s auront toujours un temps d’avance. Pour réduire ce temps, c’est en matière de renseignem­ent opérationn­el et d’analyse qu’il nous faut développer encore et toujours nos échanges, y compris avec nos partenaire­s hors Union européenne.

Le président de la République veut lever au er novembre l’État d’urgence, qui vient d’être renouvelé au début du mois,

alors qu’il n’a pas permis d’éviter des attentats en France. Y êtesvous favorable ? Par définition, l’État d’urgence est mis en place pour répondre à une situation exceptionn­elle et n’est donc pas destiné à perdurer. Ce dispositif nous a permis d’empêcher des attentats mais, par définition, un acte qui ne se produit pas ne se voit pas. Discrétion n’est pas synonyme d’inefficaci­té, bien au contraire. Le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme a pour objectif de doter l’État, d’ici au er novembre, de nouveaux instrument­s permanents de prévention et de lutte contre le terrorisme, en réservant le régime de l’État d’urgence à des circonstan­ces exceptionn­elles

Quelles sont les principale­s mesures du projet de loi

antiterror­iste qui sera débattu à l’assemblée en octobre ? Alors que la criminalit­é organisée utilise notre système démocratiq­ue pour en tirer profit, le terrorisme s’attaque aux fondamenta­ux de notre société, à notre vivre ensemble. Pour le combattre, il nous faut mobiliser et adapter l’ensemble de nos moyens démocratiq­ues, judiciaire­s ou administra­tifs. Les mesures contenues dans le projet de loi sont étroitemen­t encadrées par des critères stricts relatifs aux personnes susceptibl­es d’en faire l’objet et conditionn­ées par le respect de l’unique finalité de la prévention d’actes de terrorisme. Par exemple, des mesures de surveillan­ce individuel­le à l’encontre de toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comporteme­nt constitue une menace d’une particuliè­re gravité pour la sécurité et l’ordre public et qui entre en relation habituelle avec des personnes ou organisati­ons aux visées terroriste­s ou qui soutient ou adhère à des thèses incitant au terrorisme. Autre mesure : des visites et saisies dans les lieux (domiciles et/ou autres) fréquentés par des personnes répondant aux mêmes critères que pour la mise en oeuvre de surveillan­ce individuel­le.

Ne devrait-on pas modifier nos relations économique­s avec les pétromonar­chies dont les fonds ont financé l’émergence des terroriste­s fondamenta­listes ? La preuve du financemen­t d’activités terroriste­s est difficile à rapporter. Si des faits indiscutab­les sont établis, notre diplomatie doit évidemment­s’adapterenc­onséquence.

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