Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le terrorisme ne connaît décidément pas de frontières. Faut-il un parquet antiterroriste européen ? Je ne vois pas ce que ça apporterait de plus, hormis de la complexité. Ce n’est pas une priorité opérationnelle. Ce qui est important, c’est la sanction des terroristes.
L’État d’urgence doit être levé le
novembre. Votre réaction ? Ce serait une erreur et une faute, une forme de désarmement irresponsable. Il faut, au contraire, renforcer certaines mesures par le biais d’une réforme constitutionnelle, comme je l’ai défendu en juillet à l’Assemblée. Il faut autoriser les contrôles permanents des identités et des véhicules, mettre en place une rétention administrative pour les individus dont on connaît la dangerosité. Le ministre de l’Intérieur a admis qu’il y avait plus de personnes inscrites au fichier des personnes signalées pour radicalisation, avec une forte augmentation ces derniers mois. Ce sont des individus qu’il faut surveiller en permanence. On ne peut pas laisser les plus dangereux en totale liberté. Je propose une mesure simple : tous ceux qui sont condamnés, de nationalité étrangère, doivent être systématiquement expulsés. En quelques jours, on pourrait ainsi diminuer la menace.
La police de proximité peut-elle jouer un rôle de la lutte contre le terrorisme ? Le prétendre relève de la fable. Le renseignement est une chaîne qui nécessite du professionnalisme et une étroite coopération avec les services de renseignement étrangers. On a surtout besoin d’une grande agence du renseignement intérieur, comme le souhaitait Nicolas Sarkozy : toutes les unités de renseignement doivent être placées sous un même commandement.
Quelles seront les principales mesures que vous opposerez au projet de loi débattu en octobre ? Ce projet laisse croire que l’on pérennisera les mesures de l’État d’urgence. En réalité, la perquisition administrative devient une perquisition judiciaire classique. Les assignés à résidence se verront contraints de rester non plus à leur domicile, mais dans leur ville. Tout cela démontre que ce gouvernement n’a pas pris la mesure de la menace islamiste. Ajoutons la baisse des crédits pour la justice, la police et l’armée qui est d’une irresponsabilité absolue. Plus grave encore, le novembre prochain, après deux ans de dérogation, le contrôle aux frontières tel qu’on le connaît actuellement va cesser. Il faut une action européenne immédiate : ce sont toujours les frontières qui protègent le mieux contre le terrorisme.
Faut-il revoir nos relations avec les pétromonarchies ? Bien sûr. Les complices des terroristes sont des terroristes. Il faut être intransigeant, comme l’avait rappelé ma commission d’enquête, avec ceux qui fournissent des financements aux organisations terroristes.