Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Thomas, le plus complet
Après deux places d’honneur, Benjamin Thomas s’est offert hier le titre de champion de France de l’omnium pour le dernier jour de compétition au vélodrome de Costebelle
Son sourire ne le quitte pas. Qu’il soit sacré, comme hier sur l’omnium, ou vaincu comme les jours précédents, Benjamin Thomas (21 ans) respire la joie de vivre. Champion du monde de l’omnium, il a fait respecter son statut en devenant champion de France à Costebelle. Sa polyvalence et son intelligence ont fait la différence. Le gamin arrive tout droit du Tarn. Le vélo, il le pratique depuis ses 4 ans. « Mon père faisait du vélo en amateur, pas à un grand niveau,
explique Benjamin Thomas. On n’était pas une race de champion
(rires). Il était président d’un petit club qui organisait des courses le dimanche. C’est toujours resté un jeu, je faisais ça pour mon plaisir, je n’ai jamais pensé passer pro... » Et pourtant, aujourd’hui, il l’est bien, professionnel, sous les couleurs de l’Armée de Terre (depuis 2015) et associe à merveille la route et la piste. Mais rien n’a changé. Il s’éclate sur les lattes, son terrain de jeu. « J’ai toujours vu la piste comme un grand cirque », sourit-il.
« La double aventure » route et piste
Celui qui se définit comme un
«puncheur-rouleur-finisseur» a signé ses premiers succès au plus haut niveau sur la route cette année (1). Il en a bavé pour y arriver. « J’ai bien ramassé pendant deux ans. J’ai plus reçu des claques que j’en ai mises (rires) .» Ces claques l’ont fait grandir. Maintenant, il s’affirme comme un talent qui monte dans le peloton. Sur les lattes, aussi, il a franchi
un cap cette saison, en devenant double champion du monde à Hong-Kong au printemps, sur l’omnium et sur l’américaine avec Morgan Kneisky. Ce dernier, son aîné de huit ans, lui transmet son
expérience. « J’ai découvert les Six jours de Fiorenzuola (en 2016) avec lui. Ça m’a encore fait passer un palier niveau technique et tactique sur la piste. » Vainqueur sur piste, gagnant sur route, le coeur de Benjamin Thomas balance. « C’est encore plus tentant de continuer la double aventure. » Il développe : « J’espère trouver un projet dans une équipe qui m’accompagnera à faire les deux. On arrive très bien à associer les deux. La preuve, quand je suis champion du monde, quinze jours après, je gagne à Dunkerque. Il y a des coureurs qui le font, comme Cavendish ou Viviani. Je n’ai pas la prétention de dire que je suis comme eux, mais je m’inspire de ça et je me dis que c’est faisable quand on en a la volonté et qu’on trouve une structure qui est prête à suivre la démarche. »
Entre classiques et JO, son coeur balance
Des propositions, il en a. Il n’a plus qu’à faire le bon choix. Un choix qui peut le mener vers ses rêves. S’il pouvait remporter une classique, il ne dirait pas non. Un petit Liège-Bastogne-Liège lui plairait. « Mais je pense que je peux encore
me gratter (rires). Il faut encore passer un gros palier. »
Et sur la piste, Benjamin ne refuserait pas l’un ou l’autre titre olympique. « Champion olympique
de l’américaine, ça me suffit
(rires). L’omnium aussi, pourquoi pas, mais l’américaine, ce serait encore plus beau de partager ça avec un coéquipier, j’espère Morgan dans trois ans… » D’ici là, le duo aura le temps de jauger la concurrence, de parfaire sa technique. Et son côté « nature » ne peut que l’aider à atteindre ses objectifs. Enfin, tout ça, c’est dans trois ans. Avant, le Tarnais sait qu’il a encore une longue route à accomplir. Elle passera par le Tour du Poitou-Charentes, dès mardi, où il retrouvera notamment Sylvain Chavanel. 1. Il a gagné la 3e étape des Quatre-Jours de Dunkerque et la 1re étape du Tour de Wallonie. Par ailleurs, il a fini 2e du Tour de Basse Navarre et 3e du Tour de Wallonie.