Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sur la sellette
Une enquête est ouverte après un incident entre un éducateur et un adolescent. L’accueil du centre éducatif fermé de Brignoles est suspendu.
Une chape de plomb pèse sur le centre éducatif fermé (CEF) de Brignoles, unique structure de ce type dans le département. L’activité de cet établissement public – chargé d’encadrer une dizaine de jeunes délinquants – a été suspendue à la veille de l’été. Le plus discrètement possible. Selon nos informations, des soupçons portent sur la méthode avec laquelle un adolescent réputé difficile a été « recadré » par un éducateur. « Les pratiques seront retravaillées pour repartir à compter de la rentrée »,a concédé la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), responsable du CEF de Brignoles. Pour le reste, « personne n’a lieu de vous en dire quelque chose ». La préfecture du Var est lapidaire : « Pas de commentaire. »En d’autres termes, le dossier est sensible.
Une information judiciaire ouverte
Le mur de silence érigé autour de cette affaire s’est fissuré avec la publication d’un arrêté ministériel, au coeur du mois de juillet : le CEF varois est mis en sommeil au moins jusqu’en septembre. La structure a même cessé d’accueillir des mineurs délinquants dès le mois de mai, et ceux dont la prise en charge n’avait pas atteint son terme ont vraisemblablement été « recasés » dans d’autres CEF. La décision des autorités s’appuie sur «des dysfonctionnements constatés »,« le non-respect des conditions techniques minimales d’organisation et de fonctionnement », et évoque des « investigations judiciaires et administrative (...) en cours ». Rien de moins.
« Il a pété un plomb »
Sollicité, le parquet de Draguignan a confirmé qu’une une information judiciaire autour du CEF de Brignoles est ouverte, avant de se retrancher derrière le secret de l’instruction. « Un éducateur, une éducatrice et le directeur [du CEF de Brignoles, Ndlr] ont été suspendus suite à une mise en examen pour des faits graves à l’encontre d’un mineur », affirme un tract syndical. Mais, contacté par Var-matin, le syndicat en question n’a pas souhaité s’aventurer sur le terrain des précisions. Le principal éducateur en cause – « un contractuel »– aurait « pété un plomb » face à un jeune « particulièrement pénible », lâche une source issue de la PJJ. Deux témoignages recueillis par Var-matin, indirects mais concordants, font état d’une mise en scène macabre, dans une forêt, en marge d’une sortie collective au printemps dernier... Les faits présumés auraient été dénoncés par l’un des mineurs hébergés au centre éducatif fermé. « On a des gamins violents, on peut avoir des méthodes qui dégénèrent », déplore un autre interlocuteur. « Cette affaire a fait le tour des juridictions, confie l’une de nos sources. Cela pose un problème de confiance avec les magistrats. Ça peut poser aussi des problèmes si le nouveau groupe de jeunes (censé être pris en charge par le CEF de Brignoles à l’issue de la période de suspension, Ndlr) est au courant de l’histoire… »