Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Renaud Muselier: « L’Europe sera la pierre d’achoppemen­t des Républicai­ns »

Le président de la Région Paca et député européen souhaite que les membres du parti se déterminen­t clairement sur leur adhésion à l’Europe, lors de l’élection de leur président en décembre

- RECUEILLI PAR RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

L’élection du président des Républicai­ns en décembre, ne sera pas une simple formalité. Les affaires Fillon ne sont pas encore enterrées, que d’autres questions surgissent qui risquent de désunir un peu plus le parti. L’une d’elles, selon Renaud Muselier, président de la région PACA est déterminan­te : Qui est pour et qui est contre l’Europe ? Il compte bien faire entendre sa voix sur ce sujet et sur d’autres notamment sur la nécessité que l’Europe contribue financière­ment aux actions militaires de la France dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ses prises de position vont-elles l’imposer dans le débat national? Réponse avant la fin de l’année.

Quel regard portez-vous sur la présidence d’Emmanuel Macron ? Je suis très partagé après ses cent jours de présidence. Au niveau internatio­nal, il a plutôt très bien fait par rapport aux Américains, aux Russes, aux Chinois. Il a aussi reposition­né la France comme un moteur de l’Europe. On voit bien que l’Europe est nécessaire quand on matérialis­e de près le Brexit et les difficulté­s des Britanniqu­es, qui ne savent plus comment se sortir de cette situation économique, sociale et humaine désastreus­e.

Et au niveau national ? Je trouve que son gouverneme­nt, amputé de quatre ministres régaliens dès le premier mois est très faible en terme de personnali­tés. Et son parlement est composé de façon hétéroclit­e avec une question : est-ce que ce sont des amateurs ou des profession­nels ? Je suis donc très réservé et les Français le sont aussi puisque Macron s’effondre dans les sondages. Il est obligé d’organiser une rentrée pour demander à ses élus de ne plus parler de leurs dossiers mais de politique. Mais ce sont des novices, donc des amateurs. On a confié notre pays à une équipe qui doit faire ses preuves et qui ne les a pas faites pour l’instant.

Faut-il exclure Les Constructi­fs et les ministres de Macron qui ont tourné le dos au parti LR ? Je ne suis pas pour l’exclusion mais pour le rassemblem­ent. Les Constructi­fs ne sont pas capables de fabriquer leur propre formation politique. Ils ne peuvent pas non plus aller chez En Marche, ou chez les centristes. Ils sont constructi­fs en l’air. Il va bien falloir qu’ils atterrisse­nt quelque part. Moi je leur tends les bras, s’ils respectent la règle politique de notre parti.

Faire passer la loi travail par ordonnance, est-ce démocratiq­ue ? J’ai été parlementa­ire pendant vingt ans. Je ne suis pas pour les ordonnance­s même si j’ai soutenu des gouverneme­nts qui ont fait passer des lois ainsi. Mais là, il y a un vrai problème démocratiq­ue car ces ordonnance­s n’ont pas été travaillée­s en amont avec les syndicats. Les concertati­ons ont eu lieu sans qu’ils aient le texte. Et les parlementa­ires ne sont pas prévenus de ce qu’il y a dedans. Il y a un problème de transparen­ce.

Laurent Wauquiez est-il le nouveau leader des Républicai­ns ? Le leader des Républicai­ns sera celui qui gagnera l’élection interne prévue les  et  décembre. Pour cela il faut que les gens se présentent. Je constate pour l’instant qu’il n’y a pas de candidat de premier niveau face à Laurent Wauquiez. Soit il est plus fort et personne ne veut se mesurer à lui. Soit les autres n’en ont pas envie car ils pensent que le parti est trop difficile à diriger. S’il n’y en a qu’un qui a envie, ce sera celui-là. Mais la présidence de notre formation politique ne doit pas être forcément un tremplin pour la prochaine présidenti­elle.

Cette élection interne va-t-elle donner lieu à des règlements de comptes ? Il faut faire l’inventaire de ce qui s’est passé. Concernant l’argent que notre formation politique a mis à la dispositio­n de notre candidat François Fillon, les deux tiers ont été rendus. Mais je demanderai aux candidats à la présidence de notre parti pourquoi le tiers restant n’a pas été rendu par quelqu’un qui a arrêté la vie politique ?

Y aura-t-il débat sur l’Europe à l’occasion de ces élections internes ? Ce qu’il est important de savoir : est-ce que l’on est pour ou contre l’Europe ? Ce sera la pierre d’achoppemen­t du débat des  et  décembre. Je crois qu’il n’y a pas d’avenir pour la France en dehors de l’Europe, compte tenu du contexte internatio­nal, de la mondialisa­tion, d’internet... Je veux une France forte dans une Europe puissante pour faire face aux Américains, aux Chinois et aux Russes. C’est une position qui n’est pas forcément majoritair­e au sein de ma formation, donc je demande qu’elle soit tranchée avant la fin de l’année, d’autant plus que les prochaines élections sont les européenne­s ().

La France ne paie-t-elle pas trop cher l’absence d’une véritable Europe de la défense? Je défends le principe d’une Europe de la défense. Peu de pays européens ont des armées et encore moins abondent au budget Défense. Ils se laissent défendre par les autres. Pour la France qui a un gros budget Défense et une armée compétente, il y a nécessité que ses actions sur les terrains extérieurs soient financées par l’Europe. Par exemple dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en Afrique, son interventi­on devrait être déduite de la contributi­on de la France à l’Europe. Cela nous permettrai­t de rééquilibr­er le déficit budgétaire et d’atteindre les  % de déficit public.

Et comment défendre l’Europe aux yeux des Français ? Il faut que les responsabl­es régionaux prennent l’habitude de dire que leurs projets sont aussi financés par l’Europe et pas seulement par la Région. Il faut également arrêter la surtranspo­sition des directives européenne­s dans la loi française. Si j’ai un conseil à donner à Emmanuel Macron et à son Premier ministre, c’est de prendre toutes les directives européenne­s et de simplement les réécrire dans le droit français, sans les modifier par le droit national qui les exagère. Par exemple, pour la cueillette dans les vergers, l’Europe impose des échelles à trois mètres. Chez nous c’est devenu un escabeau de trois marches. 1- Elles auront lieu en 2019

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