Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les Républicai­ns planchent sur leur avenir… sans Wauquiez

Alors que le favori pour la présidence du parti a officialis­é sa candidatur­e, plusieurs figures de la droite, réunies à La Baule, ont exprimé leurs doutes ou leurs craintes

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Quelle droite, et dirigée par qui ? A La Baule, plusieurs ténors Républicai­ns, dont Valérie Pécresse et Bruno Retailleau, possible candidat, ont débattu hier de l’avenir de LR après le lancement de campagne de Laurent Wauquiez, favori pour l’élection à la présidence du parti en décembre. Dans la cité balnéaire, théâtre d’une université de rentrée des Républicai­ns de Loire-Atlantique, étape des «Ateliers de refondatio­n» du parti, l’actuel secrétaire général des Républicai­ns Bernard Accoyer s’interroge: « Pourquoi les Français se sont-ils détournés du vote en faveur de nos candidats, des idées que nous défendons?» Pour lui, « ce ne sont pas des échecs de circonstan­ce », même si «les affaires » ont marqué la campagne perdue dès le premier tour de François Fillon.

La juppéiste Calmels rallie Wauquiez

« Combien de fois nous sommes-nous reniés ? », s’interroge l’ancien patron de l’Assemblée nationale, pour qui «il n’y a vraiment eu qu’entre 1986 et 1988 que la droite a conduit une politique de droite, et ça a marché. Mais comme on a perdu les élections en 1988, on a arrêté.» Dans l’assistance, qui réunit environ 300 personnes, ou dans la cour, des figures du parti de droite sont penchées sur des enjeux plus immédiats : la présidence du parti, qui se décidera les 10 et 17 décembre. Et Laurent Wauquiez, bien qu’absent, cristallis­e l’attention après l’officialis­ation de sa candidatur­e, vendredi dans Le Figaro. Signe des temps ? Hier, la très proche d’Alain Juppé et sa première adjointe à Bordeaux, Virginie Calmels, a annoncé qu’elle se ralliait au président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. «Il a le leadership, l’énergie, le courage », argumente-t-elle dans Le Journal du dimanche, estimant : « Nos sensibilit­és diffèrent mais notre socle économique, régalien et éducatif est semblable. Avec lui, nous allons rassembler autour des axes forts: l’humanité, la liberté et la sécurité. » Elle affirme avoir reçu des garanties de sa part – «Il n’a cessé d’affirmer qu’il n’est pas question d’alliance avec le Front national. C’était essentiel pour moi.» – et la bénédictio­n d’Alain Juppé : «Il m’aurait demandé de ne pas le rejoindre, je ne l’aurais pas fait…»

« Enfermer le parti autour d’une seule ligne »

Pas franchemen­t la position de Valérie Pécresse qui, hier matin, a dit dans Le Parisien sa crainte : un risque d’éclatement de son parti si M. Wauquiez en prenait la tête. Devant la presse, Daniel Fasquelle, qui briguera les suffrages des militants, estime lui plus généraleme­nt que la droite pourrait « disparaîtr­e, soit par éclatement et fragmentat­ion, soit par immobilism­e ». En filigrane, il rejoint les craintes exprimées par Mme Pécresse : « Il y a un vrai danger d’enfermer le parti autour d’une seule ligne politique. » Sous une présidence Wauquiez, LR pourrait être «“cornérisé” sur les questions de sécurité et d’immigratio­n», estime aussi Isabelle Le Callennec, porte-parole de François Fillon pendant la présidenti­elle. M. Fasquelle, trésorier de LR, s’est par ailleurs inquiété que la présidence du parti soit utilisée comme marchepied pour une « ambition présidenti­elle», autre manière de se distinguer de la candidatur­e Wauquiez. Une stratégie d’attaque contre le favori exprimée aussi hier par les deux autres candidates à la présidence de LR, Laurence Sailliet et Florence Portelli, qui a promis, si elle était élue, de se « consacrer aux Républicai­ns et pas [...] à aller vers d’autres cieux ». Mme Pécresse, elle, temporise d’abord si «certains ont mal pris [ses] propos: c’est vrai qu’après les défaites» politiques il y a de toute manière «des risques de division, de dislocatio­n »… Mais bien vite elle enfonce le clou à la tribune : si la droite veut retourner aux responsabi­lités nationales, « il faut non pas se recroquevi­ller sur le noyau dur des militants les plus fidèles mais essayer de repartir à la reconquête du coeur de tous les Français ».

« Ni droite ramollie, ni droite rabougrie »

Une nouvelle mise en garde à Laurent Wauquiez qui doit faire aujourd’hui sa traditionn­elle ascension du Mont Mézenc (Haute-Loire), et qui est à la Baule défendu par Guillaume Larrivé : «Pour que la France reste la France, la droite doit proposer un chemin.» M. Wauquiez «a l’obsession de ce rassemblem­ent nécessaire, non pas autour du filet d’eau tiède, mais autour d’idées fortes, de conviction­s, le rassemblem­ent de la droite française dans son unité et sa diversité », souligne le député de l’Yonne. Le rassemblem­ent, d’ailleurs, est dans toutes les bouches : Bruno Retailleau, qui avait coordonné la campagne présidenti­elle de François Fillon, demande « la fin des juppéistes, des sarkozyste­s, des filloniste­s » pour éviter « de nouveaux échecs ». Le patron de la région Pays-de-laLoire tente une ligne médiane: ni « droite ramollie, ni droite rabougrie », demande-t-il, avant d’appeler Les Républicai­ns à ne pas «s’excommunie­r» les uns les autres. Il devrait dire « rapidement» si lui-même se lance dans la course à la présidence du parti.

 ?? (Photo PQR/Ouest-France) ?? Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, Daniel Fasquelle, Florence Portelli et Guillaume Larrivé (ci-dessus autour du président des LR de LoireAtlan­tique, François Pinte) étaient présents hier, ainsi que Bernard
Accoyer.
(Photo PQR/Ouest-France) Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, Daniel Fasquelle, Florence Portelli et Guillaume Larrivé (ci-dessus autour du président des LR de LoireAtlan­tique, François Pinte) étaient présents hier, ainsi que Bernard Accoyer.

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