Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Clerc est net

L’ancien Toulousain après une saison noire a retrouvé l’envie de s’entraîner et le goût de la compétitio­n. Il a déjà signé deux feuilles en deux matches officiels. Un bon signe pour la suite du championna­t

- PAUL MASSABO

Certes ce n’est que du rugby, mais Vincent Clerc a vécu, durant toute la saison dernière, une année ténébreuse. Opéré du tendon d’Achille (le droit) avant sa venue dans le Var, il a dû faire face à une nouvelle interventi­on sur son autre tendon d’Achille après avoir joué un petit bout de match contre… Clermont. Après avoir quitté avec peine la Haute-Garonne sans que le Stade Toulousain ne fasse preuve de la moindre considérat­ion à son encontre (il s’attendait benoîtemen­t à bénéficier de quelques égards après des années passées à servir le club), Vincent Clerc a traversé avec discrétion et dignité cette période noire tant moralement que physiqueme­nt. Pour mieux rebondir aujourd’hui. Ce qu’il ignorait encore lors de sa longue et fastidieus­e rééducatio­n. « Je ne savais pas si je jouerais de nouveau. J’avais accepté l’idée d’arrêter. J’aurais pu tout lâcher. Des témoignage­s m’ont encouragé. Ils m’ont fait du bien. La moindre des choses vis-à-vis de Toulon était de me remettre en état. J’éprouvais un sentiment de culpabilit­é même s’il s’agissait d’une blessure, du destin ».

«Jesuis sur la bonne voie »

«Soit pour courir avec mes gosses (6 ans et 9 mois) dans le jardin, soit pour renouer avec la compétitio­n, je me suis accroché. Tous mes efforts n’ont pas été vains. Je n’avais rien à perdre malgré la souffrance et un mental en berne. Je me suis bien soigné. Au jour le jour, sans me projeter. J’ai voulu me donner une chance, me donner les moyens ». Son abnégation, sa persévéran­ce et son endurance ont finalement porté leurs fruits. « J’ai pris part aux deux rencontres amicales et aux deux premiers matches du Top 14 (Pau et Clermont). Aujourd’hui, même si je me rapproche de la fin, les blessures sont digérées. Je manque encore un peu de rythme mais je suis sur la bonne voie pour retrouver toutes mes sensations. Je n’ai plus d’appréhensi­on ». Avant de retrouver ses anciens partenaire­s s’il venait à être une fois encore sur la feuille de match dimanche, le trois-quarts aile se félicite du travail de l’équipe. « C’est vrai qu’on n’a pas réussi à prendre le bonus contre Pau et qu’à Clermont, on aurait pu faire mieux. Ceci étant, collective­ment, on est plutôt bien, ça progresse, on commence à trouver les bons repères, on est dans le bon rythme. On est bien dans le projet de jeu proposé ».

La priorité au collectif

Ce finisseur hors pair qui a marqué des essais tout au long de sa longue carrière (il a aujourd’hui 36 ans) ne fait pas de fixette sur le sujet. «Bien sûr, mon rôle est de marquer. Mais je ne cherche pas à battre des records, cela nuirait au collectif. On sait que désormais il n’existe plus de match facile, même à domicile. Il faut de la constance dans la performanc­e, souligne celui qui a toujours été en concurrenc­e aussi bien à Toulouse qu’en équipe de France (67 sélections). Pour vraisembla­blement son ultime année de compétitio­n, (il a déjà prévu sa reconversi­on à Toulouse), ce Toulonnais d’adoption ne regrette pas du tout sa venue dans le Var.

« Je profite de chaque instant »

«On m’a certes poussé à faire cette expérience-là après quinze ans de carrière. Mais avec le recul, je suis content d’avoir découvert de nouveaux coéquipier­s, de m’être fait de nouveaux amis. Ce n’est pas une année bonus, c’est une année de rugby. Je profite de chaque instant alors que les choses étaient devenues plus routinière­s au fil des ans. À présent, je fais davantage attention aux petits riens, au collectif. Je sais que la fin approche ». Alors que son nom avait un court instant été évoqué l’an passé pour venir étoffer un staff technique dans la tourmente (il avait découvert l’informatio­n vérifiée dans la presse), Vincent Clerc n’avait finalement pas eu à décliner la propositio­n. « Vu ma position, cela aurait été très compliqué même si on a ponctuelle­ment travaillé ensemble avec Matt (Giteau). Si transmettr­e m’intéresse, en revanche devenir coach n’est pas dans mes objectifs. Je n’ai d’ailleurs jamais passé mes diplômes. Travailler autour du rugby est une chose, devenir entraîneur une tout autre ». Après sa longue carrière de joueur, ce jeune papa profitera à plein de ses weekends en famille. Mais en attendant ce repos mérité, il va, c’est clair, encore vivre sa passion à fond.

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(Photo Dominique Leriche) Vincent Clerc a retrouvé le sourire en même temps que la compétitio­n.

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