Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Emboliser les fibromes utérins pour mieux les éliminer

Moins invasive et efficace dans le temps, la radiologie interventi­onnelle est une alternativ­e très intéressan­te à la chirurgie pour traiter ces lésions courantes chez les femmes

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Fatou(1) est une jeune femme de 37 ans. Elle souffre de douleurs dans le bas-ventre et de saignement­s importants lors de ses règles. En cause : la présence de plusieurs fibromes dans l’utérus. Elle a déjà bénéficié de deux opérations chirurgica­les par le passé pour les retirer. Mais d’autres sont revenus. Cette fois, à l’initiative de son gynécologu­e, elle a rencontré le Dr Sébastien Novellas, radiologue interventi­onnel à l’Institut Arnault-Tzanck de Saint-Laurent-du-Var. Le médecin lui a proposé de traiter ses fibromes par embolisati­on. « Elle présente un utérus polymyomat­eux c’est-à-dire avec plusieurs fibromes de taille importante – jusqu’à 8 cm de diamètre. Ils sont tellement volumineux que le ventre est déformé en regard de l’utérus, confie le Dr Sébastien Novellas. Ils ne sont pas fondamenta­lement dangereux, car ils ne se transforme­nt jamais en cancer, mais ils causent une gêne considérab­le et ont une incidence négative sur la fertilité. S’il est possible de pratiquer une interventi­on chirurgica­le classique pour les retirer – voire d’opter pour une hystérecto­mie (l’ablation de l’utérus, Ndlr) ,ce procédé est, d’une part, plus invasif, et d’autre part ce n’est pas en adéquation avec son projet de grossesse. Traiter un fibrome par embolisati­on consiste à injecter des particules synthétiqu­es qui vont boucher les artères qui l’irriguent. Il va donc se nécroser et s’assécher.» Le radiologue interventi­onnel utilise une image pour bien faire comprendre le résultat aux patientes : «c’est comme laisser une pomme en plein soleil pendant un mois : elle va se flétrir.»

Aussi pour l’adénome de la prostate

Pour un fibrome « classique », l’embolisati­on dure environ une demie heure. Dans le cas de Fatou, ce sera 45 minutes, vu la taille des lésions. Le radiologue interventi­onnel « passe » par l’artère utérine pour injecter les particules synthétiqu­es qui vont aller boucher les vaisseaux des fibromes provoquant ainsi leur nécrose. L’utérus n’est pas en danger car il peut recevoir la vascularis­ation d’autres organes pelviens grâce à de nombreuses communicat­ions vasculaire­s qu’on appelle anastomose­s. A l’issue de l’interventi­on, la patiente restera en observatio­n deux à trois jours à l’hôpital, le temps de vérifier que tout se déroule normalemen­t. Ensuite, elle sera tranquille, ne souffrira plus de maux de ventre ou de saignement­s

importants. «Lamajeure partie des fibromes va se nécroser. Ils ne pourront pas se développer à nouveau. Cette technique est aujourd’hui également utilisée pour traiter les adénomes de la prostate chez l’homme,

complète le Dr Novellas. La procédure est globalemen­t la même, la différence étant que la zone cible et donc les vaisseaux sont plus petits, ce qui demande un peu plus de pratique et d’expérience.

L’avantage de la radiologie interventi­onnelle est que l’opération est beaucoup moins lourde. Elle est encore limitée à l’heure actuelle par le manque de données d’efficacité à long terme, en cours de recueil, mais aussi par le manque de praticiens formés à ces techniques.» L’aspect positif est que la discipline est en pleine expansion et pourrait s’ouvrir à l’avenir à de nouveaux champs d’action. (1) Le prénom a été modifié.

Les fibromes vont se nécroser et ne pourront pas se redévelopp­er Dr Sébastien Novellas Radiologue interventi­onnel

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(Photo Ax.T.) Le Dr Novellas injecte des particules synthétiqu­es via l’artère utérine pour traiter les fibromes. D’ici un mois ils se seront nécrosés.

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