Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Levothyrox : un expert décrypte l’affaire

Des chercheurs marseillai­s précisent les mécanismes qui protègent les spermatozo­ïdes d’une attaque immunitair­e. Nouvelle piste contre l’infertilit­é

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le nombre de spermatozo­ïdes s’est effondré en moins de 20 ans ; pendant ce temps, l’infertilit­é masculine n’a fait que progresser. Et les moyens à dispositio­n pour la traiter sont aujourd’hui limités à la PMA (Procréatio­n médicaleme­nt assistée). Grâce aux travaux d’une équipe de chercheurs marseillai­s, c’est une nouvelle piste thérapeuti­que qui pourrait se dessiner. Ces études ont en effet permis de caractéris­er certaines cellules immunitair­es (nommées macrophage­s), potentiell­ement impliquées dans la protection de la fertilité. Une découverte présentée dans une excellente revue internatio­nale et qui devrait permettre d’avancer dans la compréhens­ion de certains cas d’infertilit­é chez les hommes et à terme de développer de nouveaux traitement­s.

Barrière protectric­e

« La relation entre le testicule et le système immunitair­e est tout à fait singulière, résume le Dr Michael Sieweke, qui a dirigé ces recherches au sein du Centre d’immunologi­e de Marseille-Luminy (CNRS/Inserm/Aix Marseille Université). Les macrophage­s présents au niveau des testicules jouent le rôle de gardiens de la fertilité. En émettant des molécules spécifique­s, ces cellules empêchent d’autres acteurs du système immunitair­e de pénétrer dans les testicules et de détruire les spermatozo­ïdes qu’ils pourraient considérer comme étrangers à l’organisme («non soi »). » Cette étude menée chez le rongeur a permis de mettre en évidence l’émergence de deux types de macrophage­s. Outre ceux intervenan­t dès la puberté à proximité du site de production de sperme, existe une autre population, présente dès la naissance, et qui constitue une niche protectric­e pour d’autres cellules, productric­es elles, de testostéro­ne (hormones mâles). « On retrouve aussi ces deux population­s de macrophage­s chez l’homme », précise le chercheur.

Moduler l’activité des macrophage­s

Si l’existence de ce type de cellules au niveau des testicules était connue, on ne savait jusque-là rien de précis sur elles. Leur caractéris­ation récente par l’équipe marseillai­se permet désormais de les envisager comme des cibles potentiell­es. « À présent que nous disposons d’outils capables d’inhiber ou au contraire de stimuler la fonction de ces macrophage­s, et d’agir ainsi sur la production de testostéro­ne et/ou la spermatogé­nèse (processus de production des spermatozo­ïdes, Ndlr), on peut envisager les effets de ces modulation­s sur la fertilité.» Une voie de traitement de l’infertilit­é masculine jamais envisagée à ce jour.

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(DR) Noushin Mossadegh-Keller, étudiante en thèse et le Dr Michael Sieweke, directeur de recherche au CNRS et chef d’équipe au Centre d’immunologi­e Marseille Luminy, sont les auteurs de l’étude sur le rôle des macrophage­s dans les testicules.

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