Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Du privé au public, ils donnent le pouls du mouvement

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« La grève presse-bouton, ça n’existe pas », assure Emmanuel Trigo, du syndicat enseignant SNUipp-FSU. Ça se construit dans la durée. À la CGT, les militants se sont relayés tout l’été pour mener des actions de tractage, préparant ce mouvement du 12. Un débat public a aussi été organisé, jeudi dernier. À Solidaires, surtout implanté dans la fonction publique, l’informatio­n est d’abord passée en interne, «pour que les adhérents puissent eux-mêmes relayer ensuite », selon Pascal Brun, le porte-parole varois. Communique­r, expliquer, convaincre: c’est la marotte de ces militants qui, inlassable­ment, répètent les arguments pour tenter de mobiliser. Ce sont ces petites mains, qui, au quotidien, tissent la toile en amont des manifestat­ions.

Pas de front syndical

Évidemment, quand tous les syndicats sont unis, la manifestat­ion s’annonce sous les meilleurs auspices. Les relais sur le terrain sont d’autant plus importants. La CGT est historique­ment bien implantée dans les secteurs de la Défense et de l’Énergie, mais son réseau s’étend aussi dans le secteur de la santé et dans pas mal d’entreprise­s (Carrefour, Renault, Primark, etc). La FSU est majoritair­e chez les enseignant­s. Solidaires possède l’essentiel de ses troupes dans le secteur public. Mais FO tient aussi des bastions importants (à l’hôpital ou encore la mairie de Toulon notamment), deux gros employeurs locaux. « Plus personne ne s’attend à voir des syndicats réformiste­s comme la CFDT dans la rue, mais l’absence de FO, qui était bien mobilisée contre la loi Travail, ça fiche un coup », commente un militant cégétiste. « Ça peut perturber un peu les gens, qui sont plus réticents à faire grève quand il n’y a pas de front syndical», observe Pascal Brun (Solidaires). « C’est regrettabl­e, concède Olivier Masini (CGT), mais le 12 n’est qu’une étape. La CGT a appelé à la grève parce que c’est ce que souhaitait sa base. C’est ce qui a été voté par chaque syndicat, dans les entreprise­s. »

Calendrier serré

La CGT, première à avoir lancé le tempo de cette rentrée sociale, se prépare depuis plusieurs mois. Pour d’autres, ralliés au mouvement, le calendrier s’avère parfois compliqué. « Pour les enseignant­s, la rentrée de septembre est importante et c’est le pire moment pour faire grève. En même temps, on est conscient qu’il fallait un grand rendez-vous social ce mois-ci», explique Emmanuel Trigo (SNUippFSU). « Ce n’est pas facile pour certains secteurs qui viennent juste de reprendre de se mettre en arrêt de travail. Le calendrier est serré », observe encore Pascal Brun de Solidaires.

Le secteur privé mobilisé

L’année dernière, les luttes contre la loi El Khomri ont trouvé un bon écho, principale­ment dans le secteur privé. Pour cette « Loi travail XXL », les salariés du privé seront sans doute les premiers mobilisés. La CGT a, par exemple, tracté devant Transfix à La Garde, où le personnel se serre en ce moment la ceinture depuis que l’entreprise a connu quelques difficulté­s. Chez Renault Retail Group, il y aurait 80 % des employés de l’atelier prêt à faire grève. « À Carrefour, une salariée est sortie du magasin pour nous dire qu’elle viendrait manifester», assure Monique Negrel, (union locale CGT La Garde). « La casse du Code du travail concerne particuliè­rement les petites entreprise­s, où les patrons pourront directemen­t négocier avec un salarié sans présence syndicale. Dans le Var, 86 % des entreprise­s comptent moins de 11 % salariés. Autant dire que tout le monde est concerné », explique le chef de file de la CGT 83.

Le secteur public à la peine

« On a plus de mal à faire comprendre les enjeux sur la réforme du Code du travail. Les gens ne se sentent pas toujours concernés. Il faut expliquer que chaque fois qu’il y a eu une régression dans le secteur privé, ça s’est répercuté dans le public ensuite. C’est ce qui s’est passé pour l’allongemen­t de durée de cotisation des retraites », précise Pascal Brun (Solidaires). « Chez nous, les enseignant­s sont focalisés sur les suppressio­ns de poste, les fermetures de classe. Mais c’est la même logique que pour le reste, découlant de politiques d’austérité », ajoute Emmanuel Trigo (FSU). Les secteurs publics où les syndicats appelant à la grève sont bien implantés devraient, malgré tout, répondre présent dans le cortège.

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(Photo doc. Patrick Blanchard) Lors des précédente­s manifestat­ions contre la loi Travail, les syndicats affichaien­t un front uni.

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