Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La Paca entre croissance et boulets réglementa­ires

- C.L.

Yves Lyon-Caen, président de la Fédération des industries nautiques (FIN) et par ailleurs président du groupe Bénéteau, le vérifie par les chiffres : le contexte économique souffle le chaud et le froid. Il est souriant du côté de la plaisance en France, il est défavorabl­e à la grande plaisance en Paca. Un état des lieux loin d’être anodin, la Paca est la première région française de l’économie de la plaisance devant Pays de Loire et Bretagne. Dans la plaisance, 2017 a été assez complète au plan internatio­nal. La croissance des marchés nord-américain et européen déjà ressentie l’an dernier s’est confirmée. La France était décalée avec un marché flat l’an dernier a retrouvé la voie de la croissance. Le nombre d’unités vendues a progressé de 12 % en bateaux à voile et de 13 % à moteur. Le marché français de la voile s’oriente vers le multicoque. La dynamique des moteurs se porte sur les petits bateaux, entre 5,50 m et 9 m. Le marché de l’occasion reste très important avec six bateaux d’occasion vendus pour un neuf acheté. 60000 mutations d’occasion ont été enregistré­es.

Paca pénalisée

Si les salons d’automne donneront le la des marchés 2018, le président de la FIN se montre optimiste. La croissance devrait perdurer. Dans ce contexte souriant, il n’oublie pas l’ombre portée au tableau en Paca. «La région est en souffrance car spécialisé­e dans la grande plaisance (des bateaux de plus de 24 m, jusqu’à 60 m), explique-t-il. Ce marché est très actif en Méditerran­ée, avec 50 % de la flotte mondiale des yachts présents l’été. La concurrenc­e y est très forte.» La France a toujours eu une position importante sur le marché du service. Et l’investisse­ment a été conséquent sur la maintenanc­e, l’entretien, la réparation, avec une maind’oeuvre très qualifiée. On a aussi des atouts en avitaillem­ent, approvisio­nnement en carburant et services. Sauf que ces domaines subissent de plein fouet des mutations réglementa­ires. Ils ont déjà essuyé la fin de l’exonératio­n de TVA sur les produits énergétiqu­es pour les unités en location. Et «Depuis cet été, la grande plaisance est frappée par une seconde vague submersive pour la Paca. Elle concerne cette fois l’assujettis­sement des équipages au droit social du pays où ils sont dès qu’ils passent les trois mois sur place. Le droit français étant difficile à comprendre et la réglementa­tion européenne inappliqué­e avec la même efficacité partout, la situation est défavorabl­e aux chantiers et aux ports azuréens. La première réaction des propriétai­res est d’aller voir ailleurs pour embarquer et faire entretenir leurs unités. Ce qui pénalise très fortement la Paca. Un moratoire sur l’applicatio­n de la réglementa­tion a été réclamé par la FIN. Nous sommes en lien avec les équipes gouverneme­ntales et espérons faire évoluer la situation.» Sans toutefois avoir obtenu satisfacti­on pour l’instant. Le lobbying franco-français continue donc.

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