Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Jugé à Lille pour un trafic d’armes dont six ont servi lors de l’attentat de l’Hyper Cacher

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Claude Hermant [photo AFP], soupçonné d’être au coeur d’un trafic d’armes dont six ont servi à Amedy Coulibaly dans l’attentat de l’Hyper Cacher et le meurtre d’une policière à Montrouge en 2015, a tenté de convaincre qu’il était un « indic » hier, au premier jour du procès devant le tribunal correction­nel de Lille Crâne rasé, carrure solide et vêtu de noir, Claude Hermant a répondu souvent approximat­ivement aux questions du président du tribunal Marc Trevidic s’agissant des messages ou des courriels envoyés aux « services ». « Je ne sais pas... », « je ne suis pas directeur d’enquête », a-t-il souvent répondu aux questions du président. Mais qui sont ces clients acheteurs des armes ? », s’est emporté le procureur Jean-Philippe Navarre. Hermant refuse de répondre précisémen­t. Un peu plus tard, il répond sèchement au parquet: « Qu’on me condamne parce que les situations étaient “borderline” je comprends, mais pas au-delà. Je ne suis pas un voyou », dit-il, ajoutant que les attentats de 2015 « ont pollué cette enquête ». Hermant, 54 ans, figure de l’extrême droite lilloise et en détention provisoire depuis janvier 2015, aurait acheté par l’intermédia­ire de la société de son épouse un demimillie­r d’armes importées notamment de Slovaquie.

Une friterie en guise d’armurerie !

Selon sa défense, c’est pour des missions d’infiltrati­on, lui qui se dit « indic » des gendarmes et des douaniers, qu’Hermant a écoulé ses armes, qu’il stockait parfois dans la chambre froide de sa friterie dans le « quartier de la soif » de Lille, proche du centre-ville. Claude Hermant est « quelqu’un qui travaillai­t pour la DNRED [Direction nationale des enquêtes douanières, ndlr], ensuite pour la gendarmeri­e. Dans le cadre de ces activités, il a été amené à faire des infiltrati­ons, en matière de stupéfiant­s ou d’armes. Et il ne connaissai­t pas Coulibaly », a affirmé, hier, son avocat Me Maxime Moulin. Deux jours après l’attentat contre Charlie Hebdo perpétré par les frères Kouachi, Amedy Coulibaly avait assassiné quatre personnes dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris, avant d’être tué dans l’assaut des forces de l’ordre. La veille, il avait tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine). Plusieurs fois, Claude Hermant, resté près de quatre heures à la barre sans interrupti­on de séance, a laissé éclater sa colère face aux questions d’avocats de ses neuf coprévenus. « Là j’en peux plus! vous savez que je suis un sanguin, et il faut que ça s’arrête », s’écrie cet ancien champion de boxe thaï. Le méticuleux et flegmatiqu­e Marc Trevidic s’étonne du peu de contacts de Hermant avec ses supposés agents traitants. « Vous ne dites jamais rien à personne ! » ,dit le juge, soulignant que M. Hermant faisait « énormément de commandes pour fournir la même personne », à savoir Samir Ladjali, un des intermédia­ires présumés de Coulibaly et mis en examen dans le volet parisien.

Huis clos partiel demain

Les dix prévenus, dont trois sont en détention provisoire, encourent dix ans d’emprisonne­ment pour trafic d’armes en bande organisée. Dans la matinée, le tribunal s’est intéressé à des questions de procédure, certains avocats des prévenus demandant le retrait des pièces du dossier venant du volet parisien du dossier du circuit des armes de Coulibaly. Il a décidé un huis clos partiel demain (presse acceptée mais pas le public) pour l’audition prévue de trois gendarmes. Le procès doit durer jusqu’à vendredi.

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