Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Laurent Falaize: «Un vent d’espoir souffle sur le yachting»

Le président de Riviera Yachting Network, fervent défenseur de la filière, mesure « l’avancée majeure » avec la suspension par l’État du décret relatif aux cotisation­s sociales des marins

- PROPOS RECUEILLIS PAR CATHERINE PONTONE

L

’avis de tempête sur la Riviera, et en particulie­r la rade de Toulon, a été de courte durée. Un vent de protestati­ons s’était levé au début de l’été, attisé par la Fédération des industries nautiques (FIN), soutenue par le monde politique du Var et des Alpes-Maritimes, avec en première ligne une centaine de profession­nels mobilisés, membres du cluster Riviera Yachting Network. En moins de six mois, il a fini par balayer le décret social sorti en mars ... tant décrié et relatif aux cotisation­s sociales de marins résidents en France, et embarqués sur des yachts battant pavillon tiers (notre édition d’hier). Laurent Falaize, président de Riviera Yachting Network, administra­teur de la Confédérat­ion du nautisme et de la plaisance, mesure « l’avancée majeure et le vent d’espoir sur le yachting» avec la suspension du décret par le gouverneme­nt applicable au juillet.

Quel est votre sentiment ? C’est un soulagemen­t car c’est une prise de conscience de notre problémati­que au plus haut niveau de l’État. Cela marque notre crédibilit­é et la représenta­tivité de notre réseau d’entreprise­s.

Un réseau qui s’est consolidé au fil du temps... Nous représento­ns une centaine d’entreprise­s,  yachts (de  m à  m, Ndlr) réparés par an,  emplois directs dont les sous-traitants ( emplois dans les chantiers et sous-traitants pour la rade de Toulon) et  millions d’euros de chiffre d’affaires direct en dehors des retombées. Depuis quinze ans, les sous-traitants et les entreprise­s ont investi à titre privé près de  millions d’euros dans l’outillage. Cela représente  millions d’euros au niveau de la rade de Toulon.  yachts y sont en réparation chaque année avec une projection de  yachts d’ici à deux ans avec l’arrivée de Monaco Marine à La Seyne.

Le soutien des élus a été un catalyseur... Nos entreprise­s membres, spécialisé­es dans le refit, la réparation-maintenanc­e, et les services aux yachts ont alerté les élus, au plan local et national, d’une situation qui se dégrade et se répercute sur une multitude d’activités. Hubert Falco, président de la communauté d’agglomérat­ion Toulon Provence Méditerran­ée, Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Côte d’Azur, et Renaud Muselier, président de la Région Paca, se sont mobilisés avec force et déterminat­ion pour interpelle­r, dans un courrier commun, le août, le chef de l’État. Cela a été l’électrocho­c. Philippe Vitel, vice-président de Région nous a également soutenus tout comme le monde économique au travers de Jacques Bianchi, président de la Chambre de commerce, et Philippe Garau de l’Union nationale de la rade de Toulon. Gil Bernardi, président des maires du littoral, a sollicité de son côté Nicolas Hulot, ministre de l’Environnem­ent. De mon côté, j’ai alerté le Medef sur cette remise en cause du statut du marin.

Le décret social pénalisait l’activité par une concurrenc­e déloyale.. Les marins embarqués sur un navire battant pavillon hors communauté européenne, qui avaient une activité stable de plus de trois mois en France, étaient systématiq­uement assujettis aux obligation­s sociales de la caisse des marins (Enim). Nous avions un surcoût social par rapport aux gestionnai­res de yachts. Cela n’était pas le cas dans les pays limitrophe­s comme l’Espagne ou encore l’Italie. Les yachts ont toutefois levé l’ancre cet été... L’exode des yachts a été réel cet été. L’impact à la fois fiscal sur le gazole, et sur le social s’est résumé à moins de  % de pertes en retombées économique­s régionales (touristiqu­es, nuitées, places de port...). Sur les  millions d’euros de retombées économique­s générés en région Paca, cela représente une perte sèche de  millions d’euros. Pour la rade de Toulon, la fréquentat­ion des yachts a, aussi, accusé une baisse de  %. Certains bateaux qui avaient renoncé à leurs travaux d’hivernage dans nos chantiers peuvent encore changer d’avis... Nous le saurons dans les prochains jours lors les salons de Cannes et de Monaco.

Qu’attendez-vous désormais ? Nous avons enfin une écoute à la porte du gouverneme­nt. Nous allons élargir la concertati­on. À l’initiative de Renaud Muselier, président de Région, une délégation d’acteurs du yachting va se rendre à Bruxelles pour mettre un point sur l’harmonisat­ion européenne à la fois sur le sujet de la fiscalité et du gazole. Celle-ci doit faire pour que, demain, notre territoire, notre filière économique ne soient plus l’objet d’une concurrenc­e déloyale. Nous avons construit un contrat de croisière, mettant en valeur l’activité commercial­e, et répondant aux exigences européenne­s. Cela n’est pas le cas pour les pays limitrophe­s.

 ?? (Photo doc V. M.) ?? « À Toulon, la fréquentat­ion des yachts a accusé une baisse de  % » explique Laurent Falaize, qui espère un sursaut.
(Photo doc V. M.) « À Toulon, la fréquentat­ion des yachts a accusé une baisse de  % » explique Laurent Falaize, qui espère un sursaut.

Newspapers in French

Newspapers from France