Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Code du travail : une première journée d’action plutôt suivie

Pour ce premier mouvement social du quinquenna­t Macron, plus de 220 000 personnes ont défilé dans toute la France à l’initiative de la CGT, Solidaires, et de la FSU

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Plusieurs dizaines de milliers de manifestan­ts sont descendus dans la rue, hier, en France contre la réforme du Code du travail, une « très forte » mobilisati­on sociale, selon la CGT, la première du quinquenna­t face à un président déterminé à mener à bien cette promesse de campagne. « C’est une première qui s’annonce réussie », a dit le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, au départ de la manifestat­ion parisienne. Le leader syndical, à l’initiative de la mobilisati­on avec Solidaires, la FSU et l’Unef, s’est félicité « de la très forte mobilisati­on déjà en province. A midi on était plus de 100 000 ». Selon la CGT, le nombre de manifestan­ts a atteint 60 000 rien qu’à Paris, seulement 24 000 selon la police. Le ministère de l’Intérieur a déclaré que 223 000 personnes avaient manifesté au niveau national. Le cortège parisien s’est élancé vers 14 heures de la place de la Bastille vers la place d’Italie, au son d’une fanfare animée par des forains, certains déguisés en clowns. Le cortège a été stoppé à plusieurs reprises par des heurts, et les forces de l’ordre ont répliqué à des jets de projectile­s en faisant usage de gaz lacrymogèn­es et d’un canon à eau. La préfecture de police, qui a fait état de la présence dans le cortège de « 300 personnes encagoulée­s », a rapporté « quelques dégradatio­ns » notamment de vitres et de panneaux publicitai­res, et a indiqué avoir procédé à trois interpella­tions. Elle a également fait part d’un blessé, a priori léger, parmi les manifestan­ts, qui a été conduit à l’hôpital.

Des politiques dans le cortège

Dans la foule des manifestan­ts, des personnali­tés politiques comme Benoît Hamon, ancien candidat du PS à la présidenti­elle, ou Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, ainsi que des députés insoumis, dont Alexis Corbière. Sur les pancartes, le président Emmanuel Macron était ciblé pour ses propos dans lesquels il promettait de ne céder « ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ». « Les fainéants sont en marche », pouvait-on lire, ou «Macron, t’es foutu, les fainéants sont dans la rue ». En province la mobilisati­on semble moins forte qu’à Paris. A Marseille, la préfecture a compté 7 500 manifestan­ts, les organisate­urs 60 000. Ils étaient entre 8 000 et 16 000 selon les sources à Toulouse. Au Havre, la ville du Premier ministre Edouard Philippe, la police comptabili­sait 3 400 manifestan­ts. A Nice ils étaient entre 2 000 et 5 000 selon les sources. Les défilés ont été perturbés à Lyon et Marseille par des militants de la mouvance anarchiste et antifascis­te. A Lyon, la police a procédé à deux interpella­tions. A Strasbourg, cinq eurodéputé­s socialiste­s français, dont Edouard Martin, ancien syndicalis­te de Florange, qui prenaient part à la session plénière du Parlement européen, ont participé à la manifestat­ion.

Les forains mobilisés

Ils ont roulé à 10km/h et ont créé jusqu’à 7 kilomètres de bouchons autour de Clermont-Ferrand (Puyde-Dôme). Dès 7 heures du matin, une trentaine de camions a bloqué la circulatio­n dans le départemen­t. Les forains manifesten­t contre une ordonnance de la loi Sapin 2 et ils sont décidés à se faire entendre. « Les grands groupes, les grosses sociétés, vont pouvoir acheter les manèges, faire les appels d’offres et nous prendre nos emplacemen­ts ». Jusqu’à aujourd’hui, les forains se léguaient leurs emplacemen­ts de génération en génération, sans ouverture à la concurrenc­e. La libéralisa­tion de ce marché pourrait leur être fatale. Plafonneme­nt des indemnités prud’homales, fusion des instances représenta­tives du personnel dans les entreprise­s, réforme du compte pénibilité, place accrue à l’accord d’entreprise : les ordonnance­s reprennent plusieurs promesses de campagne du président Macron. Si pour le patronat, elles vont « déverrouil­ler la peur d’embaucher », les syndicats y voient un texte « libéral » dans le prolongeme­nt de la très décriée loi travail. Mais le front syndical est désuni. FO ne s’associe pas à la fronde, contrairem­ent à la loi travail en 2016, mais une partie de ses militants ont décidé de défiler. Tout comme certaines sections CFDT, CFE-CGC, CFTC ou Unsa.

Nouvelle manifestat­ion le  septembre

L’enjeu est important pour Emmanuel Macron, qui espère que cette réforme va faire « gagner la bataille du chômage de masse ». « Nous tiendrons », a lancé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, quand Christophe Castaner, porteparol­e du gouverneme­nt, a relevé que « le débat social ne se mesure pas seulement à la rue et à la manifestat­ion ». La CGT a déjà appelé à une autre mobilisati­on, le 21 septembre, à la veille de la présentati­on du projet en Conseil des ministres et deux jours avant celle de La France Insoumise.

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(Photo PQR/Le Parisien) A Paris près de   manifestan­ts ont battu le pavé.

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