Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« À Saint-Martin,  % des gens ne sont pas assurés »

- PROPOS RECUEILLIS PAR LUDOVIC MERCIER

Cette semaine, c’est à Monaco que vous trouverez la plus forte concentrat­ion d’assureurs au monde. Ils sont presque 3000 à être venu négocier leurs contrats de réassuranc­e, c’est-à-dire les assurances qu’ils souscriven­t pour les événements financière­ment trop lourds à porter. C’était l’occasion d’interroger un pro au sujet des conséquenc­es de l’ouragan Irma.

Leur estimation est de l’ordre de , milliards d’euros. À quoi cela correspond-il? Ce sont les dommages économique­s subis par la partie française de St Martin et par Saint-Barthélemy. Cela prend en compte les biens, les véhicules et les habitation­s. On connaît à peu près la valeur des biens qui sont sur l’île grâce au système fiscal français, mais aussi à un certain nombre de bases de données. Venant de la Caisse centrale de réassuranc­e, on peut se dire que c’est un calcul plutôt fiable. Est-ce un coup dur pour les assurances ? Même si tous les biens étaient assurés, nous aurions pu intervenir sans difficulté. Mais il y a un véritable différenti­el entre les dommages économique­s et les bien assurés: seuls  à  millions de dollars de biens sont couverts.

Comment expliquez-vous cela? Les assurances ont un taux de pénétratio­n bien plus faible là-bas. On estime ce taux à  % en France métropolit­aine, contre  % là-bas. Donc concrèteme­nt, il y a  % de la population qui est couverte. Pourquoi? Parce qu’il y a de la précarité, et que ces garanties sont considérée­s comme chères. Et elles sont en effet plus coûteuses qu’en métropole, puisque le risque est plus important.

Quelles en seront les conséquenc­es? Les  % de personnes non couvertes vont avoir d’énormes difficulté­s à reconstitu­er leur capital, et quand ils vont vouloir s’assurer, le prix aura augmenté, ce qui les incitera encore moins.

Selon vous, quelle parade pourrait venir à bout de ce cercle vicieux? C’est probableme­nt un couple privé/public qui peut intervenir. Nous, assureurs, avons la robustesse pour intervenir dans ces situations. Mais il faudrait peut-être un système de subvention­s pour inciter les gens qui sont dans la précarité à s’assurer.

En tant qu’assureur, avez-vous l’impression qu’il y a plus de catastroph­es naturelles? On constate que la fréquence des catastroph­es n’augmente que très peu. En revanche, elles sont d’une plus grande intensité. Et puisque l’on crée toujours plus de richesses, elles ont un impact économique plus important.

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