Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’horreur de la vie
interprété par le duo Ed Harris/Michelle Pfeiffer… Sans oublier ces murs vivants sanglants, organiques, synonyme de la présence d’une forme surnaturelle… L’atmosphère pesante renforcée par un travail sonore de premier plan laisse croire à un film d’horreur. Ce n’est qu’à demi-vrai. Mother ne fait pas dans le jump scare ni dans le gore… et pourtant on déconseillera aux âmes sensibles d’entrer dans la salle obscure. La tension est omniprésente, directement palpable et constamment au service d’un drame psychologique intense. Tout comme l’héroïne, le spectateur est mis à l’épreuve, cherche à comprendre la finalité de la démarche et où l’auteur de Requiem For a Dream veut en venir. Parfois il se perd lui-même, mais son sens de la réalisation emporte (presque) tout sur son passage. L’objet, inclassable, ressemble à un trip sous acide qui va constamment dans la surenchère. Conséquence, c’est souvent virtuose comme lorsqu’il revisite la barbarie humaine… ou quelquefois grotesque lorsqu’il recrée la Nativité, nouveau signe que ses références bibliques déjà au coeur de The Fountain puis Noé demeure son talon d’Achille. Et pourtant, on adhère devant le défi, l’ambition d’un tel film, porté par une impressionnante Jennifer Lawrence. Dans l’un de ses meilleurs rôles, elle tient tête à un ambigu Javier Bardem tour à tour sensible puis cruel. Autant de qualités nécessaires pour que l’analyse pessimiste (ou réaliste, au choix) de l’état du monde faite par Darren Aronofsky prenne sens. Ce qui est heureusement le cas.