Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Poilu et travesti
Notre avis
Fraîchement accueilli à Cannes, où André Téchiné recevait pourtant un hommage pour l’ensemble de sa riche carrière, Nos années folles est l’adaptation d’une bande dessinée de Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, elle-même basée sur le livre de deux historiens, Fabrice Virgili et Daniele Voldman, La Garçonne et l’assassin. Téchiné a donc logiquement choisi la mise en abyme pour raconter, à son tour, cette histoire vraie. Il se sert pour cela d’un narrateur (l’indispensable Michel Fau), maître de cérémonie du cabaret, où Suzanne/Paul se produit. Couplé à une reconstitution d’époque ambitieuse, ce dispositif à la Lola Montès alourdit la narration et empêche les deux acteurs principaux d’exprimer toute l’ambiguïté, pas seulement sexuelle, que nécessitaient les rôles. Pierre Deladonchamps est, pour une fois, plus dans la démonstration que dans l’intériorité, et le personnage de Céline Sallette manque singulièrement de nuances. D’où un sentiment de déception prédominant, alors que l’histoire recelait un potentiel extraordinaire. On se prend à rêver à ce qu’aurait pu en tirer un Bertrand Bonello.