Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Jean-Michel Bayle : « Honda veut redevenir leader »

- PROPOS RECUEILLIS PAR G. L.

Sachez-le : chez Honda, on ne mégote pas avec les têtes d’affiche. Jamais. Et encore moins lorsqu’il s’agit de souffler les 25 bougies de sa machine emblématiq­ue, la CBR Fireblade, en lever de rideau du 81e Bol d’Or. Ainsi, hier, deux légendes vivantes sont venues ouvrir le défilé d’anniversai­re organisé deux heures avant le départ : Freddie Spencer et... JMB. Jean-Michel Bayle, oui ! Ambassadeu­r du géant nippon depuis qu’il a raccroché son casque de génial funambule tout terrain il y a une dizaine d’années, le plus éclectique des pilotes français, mégastar du moto-cross avant de bifurquer vers la vitesse (2 pole positions en 500) et l’endurance (vainqueur du Bol d’Or en 2002 et 2003), ne pouvait pas manquer cet événement. Contact !

Jean-Michel, cette année, on vous a déjà vu dans le paddock de la Sunday Ride Classic puis en petites foulées sur la piste de la Sunset Run. Le circuit Paul-Ricard serait-il redevenu votre seconde maison ? Ce circuit, c’est vrai qu’on l’avait un peu perdu. Lorsqu’il a rouvert ses portes, il n’accueillai­t que des essais privés. Un crève-coeur pour les passionnés sudistes de sports mécaniques. Le Paul-Ricard ne pouvait pas continuer à vivre sans public ni grande course. Voilà quelques années, heureuseme­nt, une nouvelle dynamique a été enclenchée. Regardez, le Bol d’Or a fait son come-back. La F se profile à l’horizon. Ici, maintenant, on peut aussi courir à vélo, à pied. Bref, c’est super de voir ce site magnifique chargé d’histoire revivre de la sorte.

Quel regard portez-vous sur le nouveau Bol d’Or varois ? Par rapport au Bol du siècle dernier, c’est différent, bien sûr. Entre temps, le sport moto a pas mal évolué. Le championna­t du monde d’endurance s’est structuré, modernisé. Logiquemen­t, l’organisati­on est beaucoup plus profession­nelle aujourd’hui. Avant, le public faisait parfois n’importe quoi. Il y avait des abus. Désormais, la sécurité prime. Mais la passion, l’engouement, demeurent intacts. Tant mieux !

Votre souvenir numéro  ici ? Il s’agit d’un souvenir de jeune spectateur. L’image d’Alain Prieur s’envolant au-dessus d’une quinzaine d’autobus sur la ligne droite des stands garde forcément une place à part dans ma mémoire. Pour moi, gamin, c’était un modèle. Ce personnage fascinant, un ami proche de ma famille, m’a donné envie de faire de la moto. Et surtout de gérer ma carrière différemme­nt des autres pilotes, un peu comme une aventure.

Voir de près le départ du Bol, suivre la course, ça ne vous donne pas envie de replonger ? Pas du tout ! À  ans, la page est tournée. Si certains sportifs peuvent redémarrer après une longue coupure sur des terrains moins dangereux, en moto, mieux vaut s’abstenir. Aujourd’hui, je me régale en me promenant en trial dans la nature, chez moi, autour de Manosque, ou en animant des stages de pilotage pour Honda, notamment ici. Mais l’adrénaline de la course ne me manque pas. Prendre des risques fous pour aller chercher la performanc­e absolue, non merci !

Ouvrir la parade Fireblade avec un « coéquipier » nommé Freddie Spencer, ça fait quoi ? Ah, Freddie... Je le croise de temps en temps, toujours avec grand plaisir. En coiffant les couronnes  et  la même année (en , ndlr), il a réussi un exploit fantastiqu­e. Un truc de dingue... Quelle empreinte ! Il a marqué les esprits. Le mien et tant d’autres. C’est une légende.

La dernière victoire Honda au Bol d’Or date de . Vingt ans de disette, comment est-ce possible ? Honda est présent dans de nombreuses discipline­s. Difficile de gagner partout. Quel que soit le terrain, la réussite dépend d’abord de l’énergie que l’on met. Tenez, en cross, ils m’ont demandé de leur donner un coup de main en  (en tant que manager sportif de l’équipe officielle HRC) et on a décroché le titre MXGP l’an dernier. Côté endurance, l’implicatio­n va crescendo en ce moment. Je sens qu’il y a une vraie envie. Honda veut redevenir leader.

L’une ou l’autre des deux CBR présentes dans le top  de la grille de départ peut-elle rafler la timbale ce week-end ? Pourquoi pas ? En endurance, il n’y a pas de favori. Il faut des pilotes solides, une machine fiable et des circonstan­ces favorables. Un brin de réussite. La course décidera.

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(Photo Frank Muller) Jean-Michel Bayle : « A  ans, je me régale en me promenant en trial dans la nature ou en animant un stage de pilotage au Castellet. L’adrénaline de la course ne me manque pas. »

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