Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Nuit de drogue et de coups entre un P.-D.G. et une call-girl à St-Raphaël
On n’imaginerait pas, en traversant le minuscule quartier du Trayas, sur la Corniche d’Or entre Saint-Raphaël et Théoule, que la violence puisse s’exacerber dans ce décor de carte postale. Surtout quand elle a opposé le dirigeant à l’international de sociétés fabriquant de fameux téléphones portables, à une jeune femme semblant vivre du commerce de ses charmes. Il l’avait rencontrée à Cannes, où on la lui avait présentée comme une call-girl. Les faits, dont était saisi hier le tribunal correctionnel de Draguignan, s’analysaient comme une querelle de couple, dont les deux protagonistes étaient totalement hallucinés par l’abus de drogues de synthèse.
Tentative de meurtre suspectée
Au départ, vu l’état physique d’Ugo, un homme d’affaires scandinave de 64 ans, et surtout de Paméla, sa compagne africaine, de trente-trois ans sa cadette, et vu l’état de dévastation de la villa où ils vivaient depuis quelques semaines, le parquet avait ouvert une information pour tentative de meurtre. Au final, tous deux ont été condamnés hier. Lui à quatorze mois de prison, couvrant sa détention provisoire, pour « violences aggravées » et « détention de stupéfiants », elle à douze mois de prison pour « détention de drogue ».
Drogues en stock
Le motif et le déroulement de la bagarre qui les a opposés, dans la nuit du 2 au 3 mai 2015, sont restés flous. Il y avait du sang partout dans la maison, les rideaux étaient arrachés : manifestement, ils s’étaient battus dans chaque pièce. Sur son lit d’hôpital, Paméla avait évoqué devant les policiers des monstres et des esprits. Quant à Ugo, il n’avait pas dormi depuis trois jours, enfermé dans sa villa avec sa compagne, pour une surconsommation de stupéfiants. Selon lui, il n’avait fait que se défendre des coups portés par Paméla. La drogue saisie dans la foulée a apporté des éclaircissements. Il y avait des cristaux d’ice et de la cocaïne en quantité.
Jusqu’au délire
Ugo a reconnu qu’il achetait ces drogues à Londres depuis un an. Il ne consommait que l’ice, de la méthamphétamine pure à 99 %. Sa compagne associait à l’ice la cocaïne, elle aussi de très bonne qualité. L’ensemble était capable d’entraîner des comportements agressifs et violents, voire une psychose paranoïde. Hallucinés par la drogue, ils se sont battus longtemps, selon un témoin auditif, avec des objets contondants. En défense, Mes Blandine Lachaume et Gérard Baudoux ont souligné que la question de la légitime défense pouvait se poser, au bénéfice d’Ugo. Le procureur Vincent Jacquey avait engagé le tribunal à l’écarter, dans la mesure où rien ne permettait d’établir que c’était Paméla qui avait porté les premiers coups. Depuis, les amants ont repris le cours de leur vie, chacun de son côté. 1. Dérivé de la méthamphétamine, qui peut être fumé, sniffé ou injecté