Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
V. Gomez-Bassac trouve ses marques
Trois mois – déjà bien occupés – après son élection, la députée En Marche! revient sur ses premiers pas à l’Assemblée et dans la circonscription
Inconnue du grand public quelques semaines avant son élection, élue députée au terme d’un printemps où la France comme la sixième circonscription du Var se sont découvertes Macroniste, Valérie Gomez-Bassac a très vite plongé dans le grand bain de l’Assemblée nationale. Réformes, climat politique, accueil des élus et de la population, territoire de la sixième circonscription… Depuis sa permanence parlementaire de Rocbaron, la députée confie ses premières impressions.
Comment avez-vous pris vos marques en tant que députée ? Tout d’abord, il a fallu changer de vie, sur un plan personnel comme sur le plan professionnel. Ainsi, j’ai choisi de me faire omettre du barreau, pour ne jamais avoir à me poser la question du conflit d’intérêts. Après avoir songé à me mettre en disponibilité complète, j’ai souhaité rester à mi-temps à la fac, ce qui représente heures de cours par semaine, le lundi ; je pense continuer ainsi pendant un an, avant probablement d’arrêter pour de bon, vue l’ampleur de la tâche…
Comment se passe votre vie « parisienne » ? Ma présence à Paris est constante, j’essaie d’être là le plus possible, surtout au moment des votes. Fidèle, évidemment, au programme d’Emmanuel Macron, pour lequel nous avons été élus. On vous sent enthousiaste… Le mandat de député est passionnant et le travail est immense. Par exemple, pour les lois de moralisation, il a fallu éplucher amendements! Même avec ma formation de juriste, qui est précieuse dans ce cadre, ce n’est pas une mince affaire. Et je mets un point d’honneur à les lire tous, car tous ne sont pas mauvais : les bonnes idées peuvent venir de partout.
Et l’Assemblée nationale ? L’hémicycle, partie visible de l’iceberg, n’est vraiment pas la partie la plus agréable. C’est un vrai cirque. Et je tiens d’ailleurs à rendre hommage au courage, à l’énergie des ministres déployés dans cette arène…
Quel regard portez-vous sur l’état du débat démocratique, aujourd’hui en France ? Il est indispensable, mais pas simple par les temps qui courent. Je regrette – sincèrement – que le PS et LR ne soient aujourd’hui plus en bon ordre de fonctionnement, pour que nous puissions avoir de réels débats contradictoires, sur le fond. Parce qu’avec la France insoumise et le Front national, il n’y a pas de débat possible…
Les réformes ? Les réformes votées ou engagées jusqu’alors sont bonnes, et conformes au programme pour lequel les Français nous ont élus. Je les assume pleinement. Je serais même allée plus loin, par exemple en ce qui concerne les lois de moralisation. Notre devoir est l’exemplarité. Quand je vois des députés LR s’indigner quand on leur demande de justifier leurs frais, alors que les chefs d’entreprise le font, comme tant de salariés, alors même qu’il s’agit d’argent public… Et les lois sociales ? Je me sens parfaitement en accord aussi. La souplesse permettra aux entreprises d’embaucher davantage, donc tout le monde sera gagnant. Je ne suis pas surprise, d’ailleurs, de la faible mobilisation contre ces lois. L’idée de notre projet est de permettre aux entreprises de se développer, et d’embaucher, tout en favorisant une hausse du pouvoir d’achat des Français. Toutes les réformes du programme sont liées entre elles ; si elles sont toutes appliquées, tout cela s’articulera et fonctionnera bien.
Certains raillent le caractère « suiviste » des députés En Marche… Je vote sans hésiter les textes qui nous sont proposés, sans me sentir pour autant « mouton » – un terme qui témoigne du sens du respect de ceux qui l’emploient – une seule seconde. Simplement : je me suis engagée pour un programme à ce jour respecté à la lettre, je n’ai, pour l’heure, aucune raison de m’y opposer !
On peut donc encore réformer la France? Tout ce que je vois me rend plutôt optimiste, oui. Je suis pleine d’espoir. Et en même temps, il vaut mieux. C’est sûrement la dernière chance…
La dernière chance ? Avant Marine Le Pen ? Je le crains, oui… Êtes-vous aussi une élue de terrain ? J’y tiens. Dès que je ne suis pas à Paris, je tiens à être présente sur le territoire de la sixième circonscription ; je prends part à l’actu, très dense, dans les nombreuses communes; cérémonies, rassemblements, fêtes, remises de médailles, etc.
Quel regard portez-vous sur la sixième circonscription ? Je ne l’habite pas, je l’ai choisie délibérément. Le littoral, le rural et le périurbain y cohabitent, comme l’agriculture, la viticulture, les zones économiques… C’est un territoire passionnant, très vaste, dynamique, et concentrant des problématiques très diverses.
Quel accueil vous réservent les élus locaux ? Il est toujours bon. Il y a un respect mutuel. Les maires sentent que je suis une femme d’engagement, et de bonne volonté. D’ailleurs, je réunirai tous les maires – tous sont invités – le octobre. Ma volonté est de leur proposer à tous de travailler ensemble, par rapport au programme d’Emmanuel Macron. Il y a un nécessaire travail d’explication de ma part, et je tiens à connaître leurs opinions pour faire remonter les infos à Paris, c’est bien là le rôle d’un député. Ceci, évidemment, au-delà de tout clivage; la plupart de temps, j’ignore
même leurs étiquettes politiques (rires) et c’est très bien ainsi !
Et avec la population, en contact direct ? Avec les comités En Marche ! locaux, nous arpentons régulièrement les manifestations et marchés. Je suis par ailleurs sollicitée par des associations. Par exemple, pour des problèmes de décharges sauvages, de respect d’urbanisme… Je suis de près ces dossiers. Enfin, les lundis et vendredis après-midi, je reçois des particuliers à ma permanence parlementaire.
Pourquoi vous installer en plein Val d’Issole ? Sur la forme, géographiquement, c’est plutôt central dans la circonscription. Mais surtout, ce qui nous a poussés à nous installer ici, ce sont les scores énormes qu’y fait le Front National. Cela devient une idée fixe : comment expliquer de tels scores ? Il n’y a pas plus de problèmes ici qu’ailleurs… Est-ce simplement un vote contestataire? Je l’espère… Ce n’est pas la société que je veux. Ma volonté est de changer les choses, en ralliant sur des idées ; en tenant nos promesses et en réalisant ce que nous avons annoncé.
S’opposer au FN sur le territoire, dans les communes, cela passe donc par les prochaines élections ? Évidemment. Pour contrer le FN, mais aussi pour faire passer nos idées, nos programmes. Nous souhaitons présenter des listes – étiquetées « En Marche » ou ouvertes – dans la plupart des communes lors des prochaines municipales.
Votre mouvement doit être pas mal sollicité pour les prochaines échéances… C’est vrai, nos comités sont dynamiques. La commission d’investiture aura à choisir qui sera désigné, commune par commune, sur nos listes… Il faut peut-être voir aussi si nous observons des ralliements de maires en place…
Vous allez régulièrement à la rencontre des citoyens, par exemple sur les marchés. Quel accueil vous réservent-ils, tandis que la côte de popularité du Président est en forte baisse ? Honnêtement, je m’en inquiétais un peu. Surtout après la campagne des législatives où nous avions subi des pressions et menaces, notamment dans l’entre-deux tours. Mais finalement, l’accueil est toujours plutôt bon. Quelques demandes d’explication, parfois, mais rien de véhément. Et quand on discute, la plupart des citoyens disent « ils viennent d’être élus, démocratiquement, sur un projet ; laissons-leur au moins un peu de temps… »