Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
En marche, mais où ?
C’est le mari de Brigitte qui l’a dit et il est plutôt économe de ses formules : « La démocratie ne se fait pas dans la rue ». Un sacré revirement si l’on se réfère à l’époque – encore toute proche – où M. Macron chargeait ses délégués de faire du porte-à-porte et où il baptisait son parti La République en marche. Aujourd’hui, il préfère gouverner avec des ordonnances de préférence au - ou à une majorité parlementaire pourtant à sa botte et assimile tout rassemblement sur la voie publique à un harcèlement de rue. La question n’est pas nouvelle : comment le peuple soi-disant souverain doit-il exprimer ses principaux désaccords entre deux scrutins ? Peut-il monter au créneau sans descendre dans la rue ? Où est-il le bon temps où l’on manifestait dans l’ordre et la gaieté, sans casseurs, en choisissant bien la saison, la météo et l’itinéraire ? On défilait en famille avec les plus jeunes enfants sur l’épaule. Georges Marchais, Henri Krasucki et Bernard Thibault, grands dignitaires de la contestation, extirpaient dans leur vestiaire une tenue à la fois sportive et seyante qu’ils n’auraient jamais porté lorsqu’ils trônaient dans leur bureau. Bref, où les marcheurs vont-ils désormais marcher les jours où ils ne marchent plus ? Si c’est chez eux, il ne faudra plus recruter les militants que parmi ceux qui occupent dans les très anciens immeubles des appartements à couloir interminable…