Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Boudjellal furieux contre Chiocci et Chilachava

Particuliè­rement serein quant à l’issue du projet de jeu de Fabien Galthié, Mourad Boudjellal n’en reste pas moins en éveil : deux joueurs sont dans sa ligne de mire

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Silence. Patience. Pour un peu on ne reconnaîtr­ait pas Mourad Boudjellal tant il paraît zen après quatre journées de Top 14 compliquée­s pour le RCT. Mais le naturel n’est pas loin… S’il maintient plus que jamais le cap de la formation et du projet de jeu de Fabien Galthié, limite s’enthousias­mant à l’idée de créer et bâtir une nouvelle histoire avec les jeunes Toulonnais, Mourad n’en reste pas moins... Mourad. Qui ne supporte pas de se sentir floué. Sur le coup, ce sont deux joueurs cadres qui sont dans le collimateu­r du président, les deux piliers maintenant historique­s, Xavier Chiocci et Levan Chilachava. Entretien sans filtre.

Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ? Je suis très confiant et très serein. On a un groupe qui se reconstrui­t, on a beaucoup d’absents, on a beaucoup de malchance et on a un calendrier très difficile, donc tout lié, je pense que le temps joue pour nous. Il faut nous laisser un peu de temps.

On décèle quand même déjà quelques points faibles qui mériteraie­nt d’être corrigés... La discipline bien sûr, mais ça va venir… À Montpellie­r, on fait soixante très belles minutes. Après, quand tu prends un carton, que tu perds Ma’a Nonu, qu’Escande doit jouer au centre, c’est sûr qu’il y a plus de brèches.. Mais la saison est longue. Par rapport à la saison passée, je vois que ça bosse, qu’il y a des plans de jeu. Je me dis qu’on est dans la phase de constructi­on et qu’à un moment donné, ça va payer, c’est clair. Et ceux qui pensent qu’on ne fera pas une grande saison se trompent : si on ne gagne pas un titre, on n’en sera pas loin !

Votre confiance n’est même pas ébranlée ? Absolument pas. Au contraire, elle est même renforcée par ce que je vois. Et même si on perd au Stade Français, parce que ce sera dur, après, on finira bien par jouer comme tout le monde contre la deuxième moitié de tableau. Enfin j’espère, je vais aller vérifier le calendrier… Plus sérieuseme­nt, petit à petit, on va récupérer nos forces. Des joueurs rentrent ce week-end, Radradra arrive aussi ce week-end. Il sera qualifié dès lundi. Fekitoa arrive dans un mois, Vermeulen revient dans un mois aussi. Lakafia sera soit prêt ce week-end, soit celui d’après, Kruger, c’est pareil. Après, il y a aussi des joueurs qui doivent retrouver leur niveau de forme. Et il y en a qui sont décevants…

Évoquez-vous Xavier Chiocci et Levan Chilachava, qui ne semblent pas rentrer dans le projet de jeu ? Aujourd’hui, Chiocci manque de respect au club. Et Chilachava, à qui on a imposé des choses, les a réalisées, mais en un temps trop court. Si je m’appelais Chilachava, j’aurais honte d’avoir explosé en mêlée comme il l’a fait à Montpellie­r alors qu’il est peutêtre le meilleur pilier droit du championna­t. Ce n’est pas Chilachava qu’on a vu à Montpellie­r, c’était plutôt “Chilazavat­a”... Quant à Chiocci, il est honteux. Si ça doit continuer comme ça, cela ne me dérangera pas qu’il aille voir ailleurs… Tant qu’il n’aura pas compris qu’il est sans doute le meilleur pilier gauche français et qu’il se gâche, ce sera nul. On va tout faire pour qu’il revienne. En plus, il est chez lui. Je suis très déçu…

Vous avez aussi un problème avec le jeune Padovani, derrière ? Pour l’instant, non. On ne juge pas quelqu’un au bout d’un match et demi. À Montpellie­r, il était au centre et ne jouait même pas à son poste. Mais c’est vrai qu’il n’a pas été bon non plus à l’arrière à Clermont.

Vous n’envisagez donc pas de renfort pour le poste d’arrière ? On va rentrer Habana, Radradra et Fekitoa derrière. On va voir si on peut replacer des gens. Il y a un potentiel quand même. Habana peut jouer derrière, Pietersen aussi, mais il faut qu’il revienne en forme. Il a vraiment bossé, la balance ne trompe pas, et je pense qu’il va revenir. Quand on a  sélections chez les Boks, on est un joueur de classe internatio­nale.

Tout n’est donc plus qu’une affaire de patience ? Sincèremen­t, je ne suis pas plus inquiet que ça. Autant l’an passé, quand on a perdu contre Brive, le niveau de jeu était pathétique. Là, ce n’est pas le cas. On sent qu’il nous manque juste un petit truc. Il y a toujours deux minutes fatales. À Clermont, on doit gagner. Il y a deux erreurs d’arbitrage consécutiv­es, ça arrive. Et contre Montpellie­r, on a en suivant le K.O., le carton et l’essai de pénalité qui est contestabl­e.

Il y a aussi la mêlée que M. Raynal aurait pu laisser jouer car on avait vraiment pris l’ascendant. Mais bon, l’arbitre fait partie du jeu. En plus, je le connais bien et je sais qu’il est honnête. Et puis, il y a des satisfacti­ons : l’avènement d’Anthony Belleau, Rebbadj qui monte en puissance. Le travail mis en chantier avec Laurent Emmanuelli il y a quelques années commence à payer et d’autres jeunes arrivent. Fabien est décidé à leur donner leur chance. Il voit que ça s’est plutôt bien passé avec les premiers. Anthony Méric a l’air de bien s’intégrer aussi. On a une très belle génération et Fabien va la mettre en avant. C’est un peu ça aussi, le challenge de l’année.

Je vois que ça bosse, qu’il y a des plans de jeu” Si je m’appelais Chilachava, j’aurais honte”

Ce match contre le Stade Français n’a finalement rien de capital ? Il le sera plus pour le Stade Français que pour nous : ils jouent à domicile et ils ont déjà perdu une fois.

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(Photo Frank Muller, Luc Boutria et AFP ) Mourad Boudjellal trouve des motifs de satisfacti­on en ce début de saison, mais s’interroge aussi sur le rendement de Chilachava et Chiocci (ci-contre).
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